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Petites phrases et grandes idées
5 janvier 2012

De cette brindille censée cacher l'Amazonie

photo_1325687252184-1-0Pour le petit peuple qui ne sait pas comment se déroulent des déjeuners de presse, voilà la procédure : les journalistes arrivent à l'heure, discutent entre eux des ragots ou scoops qu'ils ont entendus récemment, passent le temps et, quand l'hôte décide enfin de montrer le bout de son nez, tout le monde s'asseoit pour la partie intéressante mais aussi délicate. En effet, lorsqu'un homme politique paye à bouffer à ces salauds de journalistes, ce n'est pas pour rien. Il veut faire passer un message. Avec un peu plus d'impact qu'un simple communiqué. Seulement voilà, l'ambiance se décontracte, les verres se vident et, très vite, les langues se délient. Aux journalistes de savoir faire la part des choses entre ce qui est voué à être publié ou non.

Ainsi, donc, impossible d'ignorer que François Hollande a qualifié Nicolas Sarkozy de "sale mec" lors d'un de ces fameux déjeuners de presse. Certaines personnes présentes appellent à contextualiser plus sérieusement le terme. En effet, on imagine mal le candidat socialiste insulter son adversaire gratuitement. Si ces termes ont été utilisés, il ne fait aucun doute que cela a été fait dans un cadre parodique et, surtout, en "off". Deux raisons qui auraient dû pousser les journalistes à ne pas publier cette expression. Cependant, le papier coûte cher et "le Parisien" a cru bon de faire son beurre là-dessus. Aucune loi n'oblige les journalistes à respecter le "off", mais le représentant du quotidien s'est très probablement grillé pour toute la campagne auprès de l'équipe Hollande. Cela valait-il le coup ?

En attendant, il y en a qui ont trouvé de quoi causer, ce mercredi, à la sortie du conseil des ministres. Alors même que le taux de chômage crève le plafond, que les repreneurs-syndiqués de SeaFrance ne savent pas vraiment s'ils vont être insultés ou soutenus demain, que Nicolas Sarkozy assure, à quatre mois de la présidentielle, que la priorité est donnée à l'emploi, les grandes gamelles de l'UMP demandent à ce que François Hollande s'excuse et dénoncent la volonté prêtée au PS de faire campagne au ras des pâquerettes. Entendre Pierre Lellouche et Michel Mercier, pantouflards de première classe, et surtout Nadine Morano regretter que le PS privilégie les invectives au fond, cela ferait rire si ce n'était pas si grave.

 

Lancement de campagne raté

 

Au début de cette semaine, François Hollande a lancé sa campagne par une tribune gigantesque dans "Libération". Deux réactions de la majorité. Le première a été de dénoncer le fait que le journal de Nicolas Demorand fasse campagne pour le candidat socialiste. Sérieusement ? Reprocher à Libé d'être de gauche ? Et la seconde réponse est venue des Jeunes Pops, dont on ne soulignera jamais assez la hauteur de vue et la volonté de privilégier le fond. Ces braves guignols n'ont donc rien trouvé de mieux que de détourner la tribune d'Hollande en achetant un site reprenant son slogan "la changement, c'est maintenant". Voilà. Et "Petites phrases et grandes idées" n'a pas souvenir que le PS ait reproché au Parisien de faire campagne pour Nicolas Sarkozy ou que Benoît Hamon ait demandé des excuses aux Jeunes Pops.

Voilà, la situation économique est désastreuse, le gouvernement s'est grossièrement déjugé dans l'affaire SeaFrance, Claude Guéant a trouvé quelques étudiants étrangers à emmerder, mais l'UMP préfère parler d'une phrase sortie de son contexte au cours d'une discussion "off" de déjeuner de presse. Dans ces conditions, qui est responsable de l'abaissement de la campagne ? Ne serait-ce pas plutôt le journal qui relaye le tout ou encore le parti qui polémique dessus pendant trois jours ? Non, François Hollande n'a pas été naïf, il n'a commis aucune erreur, il a simplement fait ce qu'il a toujours fait : blaguer avec les journalistes qu'il a invités après avoir abordé les sujets sérieux. Et chaque déjeuner de presse comporte son lot de perles susceptibles d'alimenter une semaine de vie politique de caniveau.

Le candidat socialiste a publié une tribune immense, s'est exprimé au 20 heures, a organisé un déjeuner de presse, le tout en une semaine. Et tout ce que l'on retiendra, c'est le "sale mec". L'UMP n'a pas son pareil pour pourrir un début de campagne et, en l'occurence, c'est réussi. Les télévisions, les radios, les journaux, tous sont tombés dans le panneau et ne parlent plus que de l'affaire de la semaine. Jusqu'à invoquer le "vieilli, usé, fatigué" de Lionel Jospin. Ce qui est bien dommage car, juste un peu plus loin que le bout de leur nez se trouvent des méthodes de désamorçage qui, elles, mériteraient d'être discutées.

Le bilan de ce lancement officieux de campagne de François Hollande est donc mauvais, par les grâces conjuguées d'un journaliste zélé et idiot, d'une opposition désireuse de détourner l'attention et de médias qui prennent tout ce qu'ils entendent pour argent comptant. Voilà qui n'augure rien de bon pour les mois à venir...

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Commentaires
B
j'aime . ben oui je m'exprime!! n'empêche y'en qui doivent être aux abois pour n'avoir que ce genre de camouflage à utiliser.Pour la véritable info.....
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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