Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Petites phrases et grandes idées
25 octobre 2011

Du rôle ingrat d'aboyeur

show_image_in_imgtagIls sont détestables, méprisés, sans cesse remis en question et sujets à controverse. Leur conception de la politique leur est propre et n'est partagée que par leurs homologues, d'un camp ou d'un autre. On leur prête tous les maux et, pourtant, leur utilité est précieuse, notamment en période de campagne. Eux, ce sont les "aboyeurs".

Ils ont pour nom Nadine Morano, Jean-Luc Mélenchon, Noël Mamère, Henri Emmanuelli, Marine Le Pen, Jean-François Copé... Bien qu'usant de stratagèmes divers, leur objectif principal est de taper sur le camp d'en face plutôt que de se poser en forces de proposition. Impossible de savoir si le mordillage de chevilles a toujours été dans leur plan de carrière, mais toujours est-il qu'ils en sont réduits aujourd'hui à cogner grossièrement et fortement sur la concurrence. Le rôle est ingrat car il rend particulièrement impopulaire et rend difficile toute élection au suffrage universel, mais il offre une fenêtre d'opportunités qui n'existerait pas sans ce costume. Certains, cependant, notamment chez les extrêmes, ont su capitaliser sur la médiatisation de leurs attaques pour devenir chefs de file. Mais dans les grands partis, leur rôle est quasiment institutionnalisé. Qui connaît, aujourd'hui, le poste de Nadine Morano dans le gouvernement ? Or, elle dispose de sa marionnette aux guignols et jouit d'une notoriété absolument stupéfiante. Aujourd'hui, elle est LA porte-étendard de cette catégorie, si bien qu'elle ne trouve pas d'équivalent à gauche. Benoît Hamon donne l'impression de ne pas vouloir entrer dans ce jeu et seuls les vieux grognards dépourvus d'ambition donnent le change en matière d'attaques frontales.

Le petit jeu des parades-ripostes entre le PS et l'UMP est donc fortement déséquilibré de par l'absence totale de limite des aboyeurs de droite. Fut un temps où tout ceci se passait presque entre gentlemen, comparativement à ce que l'on a pu voir récemment. Durant la campagne 2007, Nadine Morano s'est ainsi introduite dans une réunion de campagne de Ségolène Royal en se faisant passer pour une militante socialiste. Acte premier de la nouvelle donne en matière de relations entre les partis majoritaires. La deuxième partie fera remonter d'émouvants souvenirs aux plus sentimentaux, puisqu'elle fut incarnée pendant environ trois ans par un homme, un seul. Une machine de guerre pondeuse de communiqués de presse sans morale, sans limite, sans compassion : Frédéric Lefebvre. Au poste de porte-parole de l'UMP (et député des Hauts-de-Seine), il a totalement révolutionné la fonction d'aboyeur, ringardisant tout orateur depuis Georges Marchais. A lui seul, il a fait plus de mal au PS que le congrès de Reims et les dissensions internes réunies. Bombardant l'AFP et les rédactions de déclarations aussi brutales qu'insensées, il a poussé à bout plus d'un détracteur sur tous les plateaux de télévision. Hélas pour tout observateur de la vie politique, il est totalement inaudible depuis qu'il occupe le très convoité secrétariat d'Etat au commerce, et a passé la main. La boucle est bouclée, nous revoilà à Nadine Morano.

 

Les extrêmes, friands du genre

 

Les centristes, par nature très conciliants, ne disposent pas dans leur arsenal de ce type de personnage. La pauvre Marielle de Sarnez a beau forcer sa nature, elle ne dépasse qu'occasionnellement la mollesse de son patron. Le Modem se veut indépendant mais ne peut ni gagner, ni gouverner seul, quelle que soit l'échelle de pouvoir. Ce serait trop bête d'insulter l'avenir en se fâchant à droite ou à gauche. Inutile donc de critiquer trop vertement ce qui se fait. Une petite moue fera l'affaire...
Les extrêmes, en revanche, ont un goût naturel pour les râleurs, les gueulards, les démagogues et les bêtes médiatiques. Ainsi, nous retrouverons au printemps prochain Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen aux présidentielles. Le premier enthousiasme les communistes et leurs partis satellites par ses capacités oratoires et ses coups de gueule permanents. Après plus d'une décennie de Marie-George Buffet et de Robert Hue, un peu de charisme ne fait pas de mal. Quant à Olivier Besancenot, il correspond parfaitement à l'archétype, mais ne semble pas avoir la volonté de pousser plus avant son expérience électorale. Tout à fait à l'opposé de l'échelon politique, nous retrouvons donc la fille-de-son-père. Beaucoup commettent l'erreur de la croire placée par son prédécesseur à son poste, mais elle fédère bien plus le parti par sa gouaille et ses attaques incessantes que Bruno Gollnisch ne l'aurait fait. Cependant, aucun des deux n'est un rhéteur comparable au borgne.

Pour être tout à fait complet, passons rapidement sur Nicolas Dupont-Aignan, Christine Boutin, Eva Joly et Nathalie Arthaud, gentils agneaux plus ou moins faussement indignés mais totalement inoffensifs. En revanche, Europe Ecologie Les Verts (quel nom épouvantable !) dispose de quelques aboyeurs de qualité, qu'il serait cependant injuste de cantonner à ce rôle. Ainsi, Noël Mamère, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit peuvent très facilement se muer en brutes épaisses dès qu'un détracteur pointe le bout de son nez. Le "minable" Bayrou se souvient sans doute de son débat avec l'icône de mai 68 et Noël Mamère est un habitué des petites phrases bien senties semées dans la salle des quatre colonnes.

La classe politique est donc émaillée de ces aboyeurs, mordeurs de chevilles, lanceurs de pavés dans la mare. La droite en est constellée, la gauche en manque cruellement et les extrêmes en sont composés quasi exclusivement. Mais s'il sont méprisés ,à raison, pour ne pas être constructifs, l'objectivité oblige à reconnaître qu'ils sont utiles, voire nécessaires, pour polluer le débat, ou le réorienter lorsque le vent ne souffle pas dans la bonne direction. En agrandissant l'image, force est de reconnaître que le rôle d'aboyeur coûte plus qu'il ne rapporte. Ainsi, si Nadine Morano et Frédéric Lefebvre disposent de portefeuilles gouvernementaux, leur classement dans cette catégorie les empêche de viser plus. Même s'il existe quelques exceptions. Après tout, Nicolas Sarkozy n'était-il pas l'aboyeur attitré d'Edouard Balladur ?

Publicité
Publicité
Commentaires
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité