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Petites phrases et grandes idées
17 février 2012

Du lancement de la fusée Sarkozy

7743844423_nicolas-sarkozy-sur-le-plateau-de-tf1-le-15-fevrier-2012Bon, trève de plaisanteries sur l'absence de suspense, les faits sont là : Nicolas Sarkozy est officiellement candidat à sa propre succession. Le secret de polichinelle a pris fin mercredi soir au 20 heures de TF1, comme prévu. Le Président a assuré ne pas vouloir être le "capitaine qui abandonne son navire". Réplique de Philippe Poutou : "le capitaine, il faut le balancer par-dessus bord". Le néo-candidat a théorisé son envie de construire une France "forte". Son nouveau slogan, au passage : "la France forte". Déjà utilisée par Giscard en 1981 et par Martine Aubry pour la primaire socialiste de l'automne dernier.

Les affiches aussi sont prêtes. On y voit un Sarkozy délibérément zen, regardant au loin, avec une belle mer bleu azur en fond. Anecdote amusante : ladite photo représenterait un rivage grec. Beau symbole. En haut à droite de l'affiche, le slogan en question. Et c'est tout. Simple ou simpliste, chacun se fera son idée. Mais disons que n'importe quel imbécile disposant du logiciel "paint" et de trois mots de vocabulaire aurait pu concevoir ces bases de campagne que sont l'affiche et le slogan. Déjà qu'il part de loin, si le Président s'amuse à bâcler les fondamentaux, il risque de finir derrière Dupont-Aignan. Ah tiens, à propos de comiques, Hervé Morin a aussi lâché l'affaire. Officiellement. Et le site politicsinside.com croit savoir que Christine Boutin a négocié son ralliement contre... 100 circonscriptions ! Si cela est vrai, ça sent le désespoir du côté de la majorité.

Dans le genre professionnalisme intense, il y a la question du QG de campagne. Situé dans le XVe, il a été grillé par "le Petit Journal" de Canal +, qui s'amuse à aller dire bonjour chaque matin. Il faut dire que les conseillers du Président n'ont rien trouvé de mieux que d'installer lesdits locaux à 500 mètres des studios de Canal. Joli, et surtout éventé depuis deux semaines. Malgré cette blague absolue que constituait l'annonce officielle de Sarkozy mercredi soir, plus de 10 millions de gens ont regardé l'interview. Et Pujadas a fait son plus mauvais score de l'année avec 4 misérables millions de téléspectateurs. A croire qu'on s'attendait à apprendre quelque chose...

 

Une équipe bien à droite

 

L'équipe de campagne, elle, prend forme et devrait être réduite. Là où François Hollande se devait de faire plaisir à tous les courants du PS, Sarkozy peut composer avec ceux qu'il veut. C'est lui le patron et, comme l'a souligné "Le Monde", il s'est même quelque peu assis sur les statuts de son propre parti. En effet, en théorie, l'UMP n'investit pas de candidat, mais apporte son soutien officiel à l'un d'eux. Pour ceci, le parti doit être réuni en congrès et faire voter ses adhérents. Cela n'a pas été fait pour le Président sortant. Mais qu'importe. L'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, donc, comportera moins de membres que celle de sont rival socialiste. Mais niveau qualité, on a du beau linge. Conseiller stratégique, on devrait retrouver ce bon vieux Patrick Buisson, théoricien de la droitisation à outrance et ancien du merveilleux journal "Minute". Directrice de campagne, ou de cabinet, le retour d'Emmanuelle Mignon. Déjà dans l'équipe en 2007, elle n'avait pas tenu la longueur à l'Elysée et avait été mutée dans divers ministères. Conscience catholique de Sarkozy, inutile de préciser qu'elle n'est pas spécialement du côté gauche de la majorité. Probablement porte-parole de campagne, ou conseiller spécial, on retrouvera celui qui est sans doute le plus beau, le meilleur : Guillaume Peltier. Ancien du Front, chez les jeunes et les grands, il est ensuite passé chez Philippe de Villiers, dont il est le grand artisans du brusque virage à droite. L'islamisation de la France, l'opposition au mariage gay, suppression des 35 heures, tout ce qui a transformé Villiers en avatar du FN vient de l'idéologie que Peltier a su lui imposer. Au passage, pendant la campagne de 2007, Peltier était le porte-parole du vicomte, avant de trouver l'herbe plus verte à l'UMP. Il aurait été repéré par Brice Hortefeux. Ca ne s'invente pas.

Et puis, c'est l'autre grande info du lancement de campagne sarkozyste, le porte-parolat principal (on imagine qu'elle ne sera pas seule dans ce rôle) reviendrait à Nathalie Kosciusko-Morizet. Combinaison gagnant-gagnant ici, puisque NKM joue 2017 à mots à peine couverts et gagne une visibilité inédite. Sarkozy, lui, se dote d'une voix réputée compétente, sérieuse, plutôt modérée et sociale. Naturellement, la politique étant avant tout un jeu de séduction, la dame est plutôt jeune, plutôt séduisante, à l'instar des porte-paroles de 2007 (Rama Yade et Rachida Dati). Les cellules grises entourant le candidat seront donc plutôt axées sur une idéologie droitière, tandis que la principale porteuse de ces idées, en dehors du candidat lui-même, sera une modérée, assez sociale, tendance écolo. On en salive d'avance.

Ca y est, la fusée Sarkozy est lancée. Et, en attendant de voir à quoi la campagne du Président va ressembler, on ne peut que se projeter et imaginer le contenu. Les personnes, en tous cas, laissent augurer de thèmes très controversés et, peut-être, de bisbilles internes. Quant à la communication, elle a démontré avec le slogan et l'affiche toute son incompétence. Oui, la fusée Sarkozy est lancée, et pour l'instant, elle est plutôt tendance Challenger...

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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