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Petites phrases et grandes idées
14 février 2012

Du foutage de gueule modemo-frontiste

Sans titreSans doute certaines personnes étaient coincées dans un ascenseur depuis trois mois alors, pour celles-ci, petit rappel : comme pour chaque élection présidentielle, le Front national crie sur tous les toits à l'atteinte à la démocratie parce que ces idiots prétendent ne pas avoir les parrainages nécessaires. Ou cela est vrai, et il serait quand même temps qu'ils mettent au boulot les kilos de crânes rasés fanatisés dont ils disposent à travers toute la France. Ou alors c'est faux, la combine est usée et il s'agirait d'utiliser des ficelles que l'on n'a pas reçu en héritage avec le reste.

Toujours est-il que nous sommes à la mi-février et que Marine Le Pen prétend toujours avoir les pires difficultés à réunir les 500 signatures. Le "Canard enchaîné" de la semaine dernière révélait que Sarkozy et Hollande étaient d'accord sur un point : si la candidate frontiste n'obtient pas le droit de se présenter, elle en sera la principale fautive. Héritière d'un parti, d'un nom, d'une base d'adhérents fidèle, Le Pen croyait sans doute avoir son fauteuil réservé à l'avance pour le second tour. Mais non, Marion Anne Perrine, les choses ne marchent pas comme cela. Et, encore une fois, si tout ceci est une mise en scène (et tout ceci est une mise en scène), une partie suffisante des électeurs voit clair dans le jeu du FN et en a sa claque de l'entendre geindre constamment. Une élection est difficile et quand on sort des énormités racistes et/ou démago à longueur de temps, il devient difficile de gagner de la respectabilité.

Et puis, lundi, entrée dans la quatrième dimension. François Bayrou, qui ne parle et ne prend position pourtant que lorsqu'on l'y oblige, a ouvertement pris position pour que l'ensemble des partis politiques fasse un petit effort pour lâcher quelques signatures à Le Pen. A condition, cependant, qu'elle en fasse la demande officielle. Donc, c'est clair, on est revenu au lycée. Je te donne un petit coup de pouce en maths si tu montres à tout le monde à quel point tu as besoin de moi. Naturellement, malgré l'immense danger qui plane sur la candidature de Marine Le Pen (ironie), celle-ci s'est empressée de décliner la proposition du boss du Modem. Résumons : le très plat centriste verrait dans l'absence du FN à la présidentielle un "trouble" et demande donc à ce que tous les partis s'unissent pour que le Front ait ses 500 signatures. Son parti ne peut pas le faire seul, ce serait "impossible" car "ça ferait manoeuvre" dit-il. Marine Le Pen décline mais salue le "comportement républicain et démocrate" de Bayrou. "Ce n'est pas moi que je défends, ce sont les millions de Français qu'on cherche à faire disparaître de  cette élection présidentielle", a-t-elle lancé aux journalistes, réaffirmant sa volonté de voir les parrainages devenir anonymes.

 

Le Pen coincée

 

Nous pourrions tous prendre dix minutes de réflexion intense pour essayer de comprendre ce qui est passé par l'esprit tordu de Bayrou. Il y a l'hypothèse de se faire bien voir des électeurs du FN. Au moins pour une petite part, il doit y avoir de ça. Sans doute le centriste a-t-il également voulu reprendre à son compte la question du pluralisme républicain qui veut que tous les courants de pensée doivent être représentés. Et puis, il y a la conséquence indirecte, absolument délectable. En résumé, ça donne ça : "tu veux tes parrainages ? Ben nous on te les donne. Comment ça t'en veux pas ? Ben faudrait savoir". Et Le Pen, coincée par une évidence bête comme chou, ne peut plus pleurer pour ses parrainages puisque quand on lui offre sur un plateau, elle n'en veut pas. Où l'énervant devient ridicule...

Du côtés des grands partis, la situation a été vite réglée. Le Parti socialiste, par la voix de Manuel Valls, a quand même pris la peine de répondre en envoyant simplement balader Bayrou et en laissant Le Pen se démerder avec ses parrainages. Benoît Hamon, lui, a accusé le candidat orange de faire la chasse aux électeurs du Front national. C'est le jeu, bien qu'encore une fois, il n'aurait pas été décevant de voir la gauche prendre de la hauteur face à genre d'énormités.

La droite n'a pas tenu un discours différent même si, comme le PS, l'UMP a reproché à François Bayrou de vouloir faire du tripatouillage politique en concluant un accord électoral avec le FN. Comme si c'était le genre des partis majoritaires de donner des signatures aux petites formations d'en-face pour mettre des bâtons dans les roues des adversaires. Comme si droite et gauche s'étaient déjà entendues avec leurs alliés historiques pour réserver quelques circonscriptions ou mairies. Jamais de la vie, la politique est une chose sérieuse et il ne saurait être question de petits arrangements de coulisses. Sérieusement, toute cette histoire est tellement ubuesque qu'elle en devient à peine croyable. François Bayrou croit jouer les démocrates en demandant une exception pour le Front national. Pitoyable. Marine Le Pen pleurniche sur tous les plateaux qu'elle n'a pas ses signatures et quand on lui propose de l'aide, elle la refuse. Grotesque. Enfin, gauche et droite dénoncent la volonté de Bayrou de conclure un arrangement politique, probablement parce qu'ils n'en sont pas à l'origine. Pathétique.

Au final, seule Eva Joly a su apporter une réponse appropriée à l'initiative du président du Modem. Ainsi, dans les colonnes du "Monde", l'ancienne magistrate a argué que "si madame Le Pen a du mal à obtenir ses parrainages, c'est parce que ça pose problème aux maires et ce sont les positions de Marine Le Pen qui posent problème, parce qu'elles ne sont pas conformes aux valeurs républicaines". Merci, enfin un peu de bon sens. Et la candidate verte de conclure : "on ne va pas modifier les règles pour elle". Tout est dit.

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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