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Petites phrases et grandes idées
8 décembre 2011

De cette énigme orange

730652_3_2d99_francois-bayrou-ici-a-paris-le-17-mars-2004Une fois n'est pas coutume, parlons de ce dont tout le monde parle. C'est désormais officiel : François Bayrou est candidat. Là encore, secret de polichinelle levé, mais le leader centriste entre dans la bataille. Après tout, il aurait tort de se priver. Il reste sur un résultat inespéré en 2007 (18,57% des voix pour mémoire), Hervé Morin ne décolle pas, Dominique de Villepin ne semble pas décidé et Jean-Louis Borloo a lâché le morceau. Un boulevard s'ouvre donc pour lui, le jour même où un sondage lui octroie une progression de 3 points d'intentions de vote par rapport au mois dernier (Il passe de 6 à 9%).

Effectivement, le second tour reste loin si l'on se réfère à cette dernière étude. Mais il y a 5 ans, il n'était pas plus haut. Comme en 2002, tous les observateurs lui promettaient un petit 6-7%, un remboursement de campagne et merci d'être venu. Sauf qu'aux alentours de février 2007, après une visite banale en banlieue, un sondage a dévoilé un engouement surprenant autour du centriste. L'effet boule de neige était lancé et François Bayrou allait rafler le vote contestataire. A l'arrivée, il réalisa un score supérieur à celui qui avait permis à Jean-Marie Le Pen de se qualifier pour le second tour cinq ans auparavant. Etonnant comme la vie démocratique peut bouger. Entre 2002 et 2007, le champion du centrisme a gagné près de 12 points. Comment expliquer cela ? Difficile à dire, d'autant qu'il est déjà ardu de comprendre pourquoi sa campagne de 2007 s'est emballée de la sorte. Certes, il y a bien eu cette sortie sur le plateau de Claire Chazal où il reprocha vigoureusement aux médias de masse leur compromission avec le pouvoir. Dit sur une chaîne détenue par Bouygues, cela avait du poids et du sens. De quoi se poser en candidat opposant du système. Curieux pour un ancien ministre...

 

Marginal ou institutionnel ?

 

Alors quel Bayrou aura-t-on en 2012 ? Celui qui stagne à 6% ou celui qui perce incompréhensiblement jusqu'à frôler les 20% ? Et surtout, de quel côté penchera son programme et sa campagne ? Aujourd'hui, Jean-Marie Le Guen, du PS, déclare que le Modem a encore un peu trop de racines dans le camp d'en-face et l'UMP assure que François Bayrou appartient à la grande famille de la droite. En vérité, le centre a une position aussi flexible que celle des extrêmes est intransigeante. Le Modem présente une grande facilité idéologique puisqu'il peut reprendre à son compte ou critiquer n'importe quelle proposition. Lui se veut ni de droite, ni de gauche or, il est les deux. Campagne facile à mener que celle qui consiste à faire émerger une ou deux propositions phares et de récupérer des idées existantes. D'autant que le leader est déjà tout trouvé et a prouvé qu'il pouvait réussir un bon score.

François Bayrou semble donc en bonne position pour cette présidentielle et se battrait avec l'extrême droite pour récupérer le vote contestataire. Seulement voilà : plus il fraye avec les partis de gouvernement, plus il se prive de cet argument de campagne. Voilà pourquoi l'UMP déclare qu'il est de droite et que le PS souffle le chaud et le froid vis-à-vis d'une éventuelle alliance. Terminé le temps où Francky le rebelle pestait contre le système et se déclarait "au dessus des partis". Désormais, le Modem est devenu institutionnel. Paradoxalement, son invisibilité durant ces quatre dernières années conjugué à ses résultats déplorables aux diverses élections constituent la seule chance du Modem d'être à nouveau considéré comme marginal. Les paris sont ouverts.

L'ennui pour François Bayrou, c'est qu'il est l'exact inverse de la famille Le Pen. Le FN peut accéder au second tour : il ne gagnera jamais. Le Modem, lui, gagnerait à coup sûr s'il arrivait en finale. Mais la marche est trop haute, de toutes façons. Il lui faudrait une surmultiplication de candidatures au sein de la droite et de la gauche traditionnelles pour qu'un score de 16 à 18% lui permette de passer le premier tour. Or, ce ne sera pas le cas en 2012. François Bayrou ne sera pas présent lors du fameux débat de l'entre-deux-tours. C'est ainsi. Et il n'aura plus que ses yeux pour pleurer en voyant que, quelque soit son adversaire dans un hypothétique second tour, il l'exploserait 60-40. La quadrature du cercle centriste, en quelque sorte, dont héritera son successeur, quel qu'il soit...

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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