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Petites phrases et grandes idées
11 novembre 2011

De la marge de manoeuvre limitée de Marine Le Pen

897593_3_c493_jean-marie-le-pen-candidat-du-front-nationalOn ne les remerciera jamais assez, les gaullistes de tous poils et Chirac en tête. Pour des raisons électoralistes, et peut-être un tout petit peu sincères, le RPR, devenu UMP, n'a jamais voulu s'associer avec ampleur au Front national. Attention, qu'il ne soit pas dit que, pour une région ou deux, un accord sur un coin de table n'ait su se trouver, mais dans l'ensemble, la droite a combattu son extrême avec vigueur. Si, aujourd'hui, le FN ne dispose pas du même pouvoir que la Ligue du Nord en Italie (d'abord faire-valoirs des gouvernements Berlusconi, ils ont planté le dernier clou de son cercueil), la France le doit en partie à la droite. Cela méritait d'être dit.

Passons donc à la première campagne présidentielle de Marine Le Pen qui, la pauvre, découvre combien il est difficile d'être un candidat du FN. Car chacun des participants au grand jeu du printemps prochain sont face à un théorème. Soit x la base électorale du parti qu'il représente, le but, pour ce candidat, sera de faire fructifier un maximum ce chiffre en fonction de trois variables d'ajustement : le nombre d'adversaires se positionnant sur le même créneau, l'état du parti dans l'opinion et la marge de manoeuvre politique. Pour être plus clair, le chiffre xump sera très élevé à la base, mais assez peu d'adversaires sont sur une ligne proche de celle du Président et la marge de manoeuvre politique est large. En revanche, l'état du parti dans l'opinion... Le chiffre xmodem, en revanche, dispose d'une base assez légère et de très nombreux candidats sur le même créneau. Mais la palette de propositions politiques est quasiment infinie, centrisme oblige.

Marine Le Pen, elle, part avec un chiffre x qui est unique en son genre en France. Personne ne sait réellement à combien s'élève la base électorale du FN. Même les instituts de sondage en sont réduits à pondérer dans tous les sens leurs enquêtes, rendant leurs chiffres peu crédibles. En 2002, un grand nombre de personnes a souhaité exprimer son mécontentement en votant pour Le Pen père. En 2007, ils se sont portés ailleurs. Aux élections locales et intermédiaires, le Front fait scores minables sur résultats décevants. Bref, aujourd'hui, le FN peut compter sur une frange de l'électorat fixe qui se situe entre 5 et 10%. Ce qui n'est pas une fourchette, mais un rateau.

 

Impasse

 

Ainsi, Marine Le Pen se retrouve face à une inconnue. De plus, représenter un parti extrémiste présente, certes, un avantage (très peu de candidats portant les mêmes idées), mais aussi un inconvénient : la marge politique est infime. Le Front national représente beaucoup de choses aux yeux des Français. Rétrograde, racistes, brutal, antisémite, on lui prête beaucoup de défauts, à raison ou non. Et la base solide du FN vote pour lui en raison de ces mêmes caractéristiques, mais vues côté pile : retour de la peine de mort, retour du franc, explosion interne des élites de l'Etat, etc. La candidate, en succédant à son père, a probablement amené avec elle quelques électeurs qui avaient encore quelques scrupules à franchir le Rubicon. Mais les supporters de l'extrême-droite sont très vieux, meurent régulièrement donc, et certains ont peut-être lâché le parti en voyant sa principale figure de proue passer la main.

Pour le reste, la marge de manoeuvre politique du FN est d'autant plus réduite que la plupart des gens se contrefout de ses idées. Chacun à une image bien précise de ce parti unique, et qu'on le déteste ou qu'on l'adore, personne n'a envie de la voir bouger. Marine Le Pen a passé une semaine aux Etats-Unis et, comme le narre le "Canard enchaîné" de cette semaine, les deux seuls rendez-vous qu'elle a obtenus ont été une rencontre de 15 minutes avec l'ambassadeur d'Israël à l'ONU qui a assuré ne pas savoir qui elle était, et un autre avec Ron Paul, candidat elliptique à la primaire républicaine. Au temps pour la stature internationale de Marine l'héritière qui, ambitieuse, veut voir son parti gagner en respectabilité, à défaut de se trouver une crédibilité politique.

Car, enfin, le pire adversaire du Front national est médiatique. Ses adversaires ont méticuleusement tressé une toile visant à rendre chacun de ses propos scandaleux, infamant et indigne. Si cela s'avère vrai, à l'occasion, la fameuse diabolisation du FN est d'une efficacité redoutable car à double tranchant. Ainsi, jusqu'en 2002, personne ne prenait réellement ce parti au sérieux. Du moins, pas au point de le voir arriver au second tour d'une présidentielle. Immédiatement après, beaucoup des votants du 21 avril réalisèrent leur erreur et l'hypothèse de voir le Front refaire 16% s'atténuait. Marine Le Pen, directrice de campagne de son père en 2007, a donc souhaité rendre parti et candidat plus respectables en réduisant les déclarations tapageuses et les idées nauséabondes. A l'arrivée, les coups d'éclats sécuritaires et nationalistes ont eu lieu dans l'UMP et le FN a du se contenter de 10%. Comment interpréter le tout ? Pour percer, le Front national a besoin de faire du bruit, du buzz, du scandale. Mais cela le fige autour de 15 ou 16%. Trop peu, désormais, pour le second tour. Sa marge de manoeuvre est donc quasiment nulle. Reste un élément, un seul, sur lequel il peut compter.

En remplaçant un Le Pen par une autre, le parti espère conserver les plus radicaux de ses membres tout en attirant d'autres éléments plus réticents en gardant les mêmes idées, mais pas le même porte-parole. Marine Le Pen, femme, souriante et jeune, a donc la lourde de tâche de dire des horreurs avec charme. C'est le pari du Front national, la seule véritable stratégie avec laquelle il peut espérer retourner au second tour. Pour y perdre, cela va sans dire...

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Commentaires
B
je ne pense pas que l'électorat de Marine se préoccupe de son importance internationale , puisque leur seul intérêt est de regarder leur nombril, le plus beau du monde et de se refermer sur eux même.. L'autre est un danger potentiel, l'extérieur aussi.. Elle reste un grand danger car elle a le verbe qui atteint les oreilles et et la "compréhension" des gens "simples" une pensée à la fois. Et d'autres plus 'tordus" la soutiennent persuadés de tirer les marrons du feu, du pouvoir facile sur des masses manipulables, d'autant plus manipulable qu'on ne les amènent pas à réflèchir.. comme dans tous partis de "droite dure"..
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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