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Petites phrases et grandes idées
16 novembre 2011

Du champagne pour l'UMP !

watermarkSonnez trompettes, hissez couleurs, débouchez bouteilles et lancez haut fleurs ! Face à une crise économique ravageuse, à une pauvreté dans le débat affligeante, à un bilan catastrophique et des thèmes de campagnes classiques usés jusqu'à la corde, l'UMP a réussi à dégoter une marotte au fond de son sac à malice. Et pas n'importe quel sujet qui tiendrait une semaine en queue de 20 heures, non monsieur, non madame, un vrai thème de campagne qui, un bonheur ne venant jamais seul, est en pleine adéquation avec la rigueur hier tue aujourd'hui revendiquez. Ainsi, sans plus de cérémonie, faites entrer... les assistés !

Oh certes non, tout ceci ne date pas d'hier. Taper sur ces salauds de pauvres qui profitent de notre beau modèle social français est aussi répandu à droite que le squash du dimanche matin. Cela dit, et comme le murmurait une douce voix à mon oreille, réussir à monter les pauvres contre les encore plus pauvres est un authentique exploit. Là où le gouvernement rechigne toujours plus à taxer les hauts revenus, il ne se fait pas prier pour imposer un jour de carence pour les salariés du public en arrêt maladie. Non mais ! Les durs travails du privé en ont déjà trois, et ils sont moins souvent malades que leurs copains du public, alors y'a pas de raison ma bonne dame. Et tant pis si ceci explique peut-être cela et que trois jours de salaire en moins, c'est un luxe que même un grippé ne peut pas s'offrir. Et puis, quand on est de droite, il convient d'aligner le public sur le privé. Et surtout pas l'inverse : le nivellement se fait toujours par le bas...

Comment ? Ca ne suffit pas ? Les fonctionnaires hurlent à l'atteinte aux acquis sociaux. Bon. D'accord. Alors un quatrième jour de carence pour le privé, ça va ? Et la ramenez pas, parce qu'une semaine ça fait plus rond. Comme on le dit sur France Info, quand François Fillon est à Paris pour annoncer ce florilège de jolies mesures, le Président, lui, dont on ne sait touuuuujours pas s'il sera candidat à sa réélection, tenait meeting quand même, à Bordeaux.

 

Les citoyens montés les uns contre les autres

 

Et qu'avait-il de beau à raconter, le Président ? Et bien, tenez-vous bien, que "frauder la Sécurité sociale", c'était "voler". Que "celui qui bénéficie d’un arrêt de travail frauduleux, comme celui qui le prescrit, vole les Français". Et que "nous devons être sans indulgence contre les fraudeurs et contre les tricheurs". Et que la guerre c'est pas bien, et que Dieu il est plus fort que le diable. Non mais quand même, quelle synchronisation épatante. Un discours, des mesures, tout est limpide. Demain, il n'y aura plus un seul méchant dans le pays. 

Admettons que tout le monde participe à l'effort de guerre. Mais est-ce réellement chez les travailleurs malades qu'il faut aller faire des économies. Le sacro-saint triple A est donc à ce prix ? Celui de voir un ouvrier du privé traîner une angine blanche pendant une semaine sur son lieu de travail ? On ne le dira jamais assez, mais la démagogie est un art qui consiste à dire un mensonge en une phrase, qu'il faut tout un discours pour dénoncer efficacement. La France, en crise comme tout le monde, a donc besoin de boucs-émissaires. Et l'Etat lui en offre sur un plateau : les assistés. Et chaque personne de regarder du coin de l'oeil le voisin chômeur, le collègue absent toute la semaine précédente, le beau-frère et sa nouvelle voiture... Encore et encore, les gens sont montés les uns contre les autres et c'est à grands renforts de phrases toutes faites que l'UMP défend son nouveau fil rouge. "C'est un devoir national que de respecter les finances publiques", "chacun doit faire preuve de responsabilité", "que tout Français se demande s'il ne peut réellement pas aller travailler"...

Cela a déjà été dit ici, Nicolas Sarkozy attend pour 2012 un affrontement "bloc contre bloc". La droite nous donne un avant-goût de ce qu'elle entend faire naître de sa société moderne. Non, les Français ne sont pas des grosses feignasses qui vont pleurer chez leur médecin dès qu'ils se cassent un ongle. Les Allemands, les fameux Allemands, les si économiquement fabuleux Allemands prennent plus de congés maladie que nous. Tiens, on n'entend plus grand monde pour hurler qu'il faut absooooolument tout faire tout bien tout comme eux. Mettons au clair certaines choses : il n'y a pas plus d'assistés en France qu'ailleurs, ça n'amuse pas grand monde de vivre du RSA, le chômage est extrêmement pesant psychologiquement et financièrement, les allocations familiales sont une aide précieuse pour les familles nombreuses, quasiment aucun médecin ne donne des arrêts maladie de complaisance parce qu'ils n'ont aucun intérêt à le faire et non, non, non il n'y a pas plus d'1% des gens de ce pays qui profitent du système. Celui-ci n'est pas parfait, certes. Mais tout ceci est vrai. Que l'on arrête de croire aux vieilles recettes démagogiques qui opposent les citoyens les uns aux autres. Surtout quand, pour la plupart, ils n'ont plus que leur colère et leur désespoir à faire valoir...

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Commentaires
B
juste pour dire que je partage ce point de vue ! Pas de oui mais..
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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