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Petites phrases et grandes idées
3 novembre 2011

Des utopies écrasées par les impondérables

ecraser2Beaucoup l'ont théorisé, mais peu ont fini par le réaliser. Au fond, tout politique sincère rêve. De la société qu'il veut pour lui, avant de la laisser aux générations futures. Bon, ça, c'est sur le papier. En réalité, et comme dans beaucoup de domaines, nos amis élus et aspirants élus se séparent en plusieurs catégories. Ici, elles sont deux : ceux qui font croire qu'ils peuvent changer la société et ceux qui proposent un projet en tenant compte des impondérables.

Une fois n'est pas coutume, il convient de rendre hommage aux deux partis de gouvernement. Voilà plus de vingt ans que le Parti socialiste a reconnu et accepté l'économie de marché, marotte de la droite. Partant de ce constat, c'est toute une série de rêves qui partent en fumée. Pour en citer qu'un exemple récent, la "démondialisation" d'Arnaud Montebourg ne peut pas être en accord avec le projet du PS. La réforme qu'elle nécessiterait au niveau européen, les contraintes qu'elle imposerait aux entreprises étrangères ne dépendraient pas que de la France seule. C'est très louable et extrêmement tentant, mais on ne peut faire autrement, aujourd'hui, que d'accepter un ordre mondial établi, quoi qu'on en pense.

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy croyait avoir sauvé l'euro et la Grèce avec son accord emporté au bout de la nuit. Un pari de Papandréou est passé par là, mais le Président français a fait ce qu'il a pu face à une situation qu'il ne contrôlait pas. Bien sûr, rien ne l'empêchait de contester l'hégémonie du couple franco-allemand ou les spéculations hasardeuses, et son triomphalisme face aux paradis fiscaux, entre autres, était bien mal venu. Mais, que l'on aime cela ou non, le sauvetage de la Grèce était une nécessité pour l'Union européenne, sous peine de la voir imploser.

Autre couleuvre qu'il faut bien avaler : ce sacro-saint foutu triple A. Inutile de sonder l'opinion : 99% de la population française déteste l'idée que trois agences de notation tienne le budget français par la gorge. Seulement voilà : le seul moyen de se délester de cette influence de Moody's et autres est de ne pas avoir besoin d'emprunter. Autrement dit, de ne pas être endetté. De deux choses l'une, donc : ou la France joue le jeu et essaye tant bien que mal de se désendetter, ou elle fait tout pour conserver son AAA pour continuer d'emprunter à moindre coût. Dans le premier cas, 20, 30, peut-être 40 ans son nécessaires. Et si la France perd sa note maximale, c'est 10 milliards d'euros par an d'intérêts supplémentaires qu'elle devra payer. La droite a fait le choix de jouer le jeu. Libre à elle. Mais le point à retenir, ici, est que tous les rêves que les uns et les autres vendent à l'électorat français doivent tenir compte de cette réalité comme de beaucoup d'autres.

 

"L'Etat ne peut pas tout"

 

Alors que penser des programmes d'extrême-droite ou d'extrême-gauche ? Il leur est plus facile de promettre la lune sachant très bien qu'ils ne seront jamais en situation de le faire. Non, la France ne peut pas sortir de la zone euro, ni revenir au franc et encore moins fermer ses frontières. Voter pour un parti minoritaire montrerait une volonté d'aller dans le sens de ses idées, mais il ne faut pas se leurrer : la marge de manoeuvre politique est excessivement limitée. Lionel Jospin disait que l'Etat ne peut pas tout, visant clairement le pouvoir économique. Il avait on ne peut plus raison. Chacun est libre de rêver et peut-être même qu'on pourrait trouver dans le tas un politique ou deux qui croit vraiment pouvoir réaliser ses promesses. Mais la réalité est beaucoup plus froide et tous les utopistes en sont pour leurs frais.

En 1981, François Mitterrand a apporté la preuve la plus cruelle et la plus cinglante de cette triste vérité. Les impondérables sont trop forts. Le Smic à 1500 euros, la France aux Français, le plein-emploi, la véritable croissance verte, "plus aucun Français dans la rue", l'interdiction de licencier pour les entreprises qui font des profits... Autant d'idées que l'on peut souhaiter, mais qui se heurtent à un nombre incalculables de barrières toutes aussi solides les unes que les autres. Non, le Front national, le Parti communiste, le Front de gauche, pour ne citer qu'eux, ne peuvent pas appliquer leurs programmes. Les raisons précises sont diverses mais, au fond, les extrémistes se heurtent à la même barrière : les impondérables.

Libre à chacun de rêver, bien sûr. Mais en matière politique, la chose est vaine. 90% de la gouvernance mondiale échappe aux dirigeants d'échelle nationale. Leur marge de manoeuvre est même tellement limitée que les critères d'élection majeurs sont désormais la personnalité du candidat, son passé judiciaire et ses talents oratoires. Il fallait voir le nombre de personnes sincèrement hésiter entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en 2007 ! Gauche et droite ont dirigé le pays avec des différences si fines au regard du non-initié que ce dernier en vient à confondre les deux camps. 2012 pourra peut-être se jouer sur cette notion subtile qui consiste à multiplier les promesses crédibles. Lionel Jospin a payé cher le fait de ne pas aller trop loin dans le domaine. Et les expériences Chirac puis Sarkozy ont achevé de démontrer que le trop de promesses ne marchera sans doute plus, surtout avec une conjoncture pareille. Mais, finalement, peut-être les extrêmes emporteront-ils le morceau en réalisant des scores historiques sur la thématique du changement radical. Crédible ou pas. Réalisable ou pas. Après tout, comme le disait Jacques Chirac ou Charles Pasqua (selon les sources), "les promesses n'engagent que ceux qui y croient".

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Commentaires
B
d'accord sur une partie du constat , mais pas d'accord sur l'attitude à prendre. Si on admet que le pouvoir économique est absolu , la démocratie (que je crois très en danger) est déjà morte !! L'oligarchie et la ploutocratie ont totalement réussi. Cette "élite" qui s'autoproclame comme telle , sait actuellement nous faire croire que les élections ont encore une utilité.. Mais , mais , il existe quand même des citoyens qui disent non, qui argumentent ,qui démontrent d'autres possibilités économiques..Il serait temps d'ailleurs de les entendre, sinon il y aura une, des explosions violentes . Des "gens" qui ne pouvant plus parler, oui criant dans le vide seront pris de folie destructrices et là les partis extrémistes auront un boulevard devant eux .Le mépris ne peut qu'exacerber cette révolte , dernier en date les propos de Merkosy, on peut dire les choses sans humilier. gare à l'humiliation des peuples ..non?
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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