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Petites phrases et grandes idées
10 avril 2012

D'une imparable déception à venir

608363_social-retraites-partis-gaucheC'est un cas de figure qui s'est déjà vu et, sans aucun doute, se reverra encore. Un mal récurrent qui frappe chaque candidat particulièrement efficace à l'élection présidentielle. En 2002, Jean-Marie Le Pen et le FN avaient subi ce syndrome. En 2007, c'est François Bayrou et le Modem qui avaient essuyé la tempête. A chaque fois, le candidat avait brillamment passé l'épreuve des urnes. Le Pen a accédé au second tour et le centriste orange a atteint la troisième place avec un score particulièrement impressionnant (plus de 18%). Chacun s'était distingué, incarnant une voie alternative aux deux partis majoritaires.

Alors pourquoi parler d' "imparable déception" ? Pourquoi insister sur le dommage collatéral d'un succès pourtant indéniable ? Mais parce que dans chacun de ces cas, la brillante prestation du candidat a entraîné une dégringolade à très court comme à long terme. Voyez Jean-Marie Le Pen en 2002. Il obtient 16% des voix et va au second tour. Succès historique du FN. Deux mois plus tard, élections législatives. Le Front prend 11% des voix au premier tour et 1,85 au deuxième. Echec d'autant plus cuisant que le parti ne prendra aucune mairie lors des municipales suivantes et que Le Pen père n'obtiendra qu'à peine 10% lors des présidentielles de 2007. Jamais le parti n'a renoué avec sa performance d'avril 2002, malgré les spectres agités ici et là.

Et le cru Bayrou 2007 ? Sans incarner un projet beaucoup plus ambitieux que celui de piocher à droite et à gauche, il a démontré deux choses : nul besoin d'avoir une grande ligne directrice pour mobiliser les électeurs et il existe une véritable demande d'alternance dans le pays. Au terme d'une campagne aussi curieuse qu'imprévisible, il atteint donc 18% et devient l'arbitre d'un second tour sans suspense. Là encore, élections législatives deux mois après. 7,61% au premier tour, 0,49% et trois députés, dont Bayrou. Pas de mairie aux élections de 2008 et de grosses difficultés financières durant l'ensemble du quinquennat. Copie-coller du précédent Le Pen. Et les sondages du scrutin à venir montrent que le centriste aura bien du mal à faire mieux que cinquième, avec un score quasiment réduit de moitié par rapport à 2007.

 

Le Front de gauche tombera-t-il de haut ?

 

Mais quel est l'intérêt de démontrer ces deux expériences similaires ? Il s'agissait là de candidatures extrêmement personnifiées, axées autour des prétendants et principalement d'eux-mêmes. Contrairement à ce que l'on peut voir autour de Philippe Poutou ou de Nathalie Arthaud (voire de François Hollande, à une moindre échelle), les idées et les programmes s'effaçaient derrière le charisme d'un leader, bon orateur et prétendu homme de stature. Cela ne vous rappelle rien ?

Car voilà que se présente un autre candidat, lui aussi proposant une troisième voie, lui aussi crédité d'un score inespéré, lui aussi en pleine bourre à quelques jour du premier tour et lui aussi leader dans l'âme autant que grand orateur. Jean-Luc Mélenchon a démontré, lors des européennes de 2009, qu'il avait la carrure pour mener une campagne. Il le prouve une fois de plus. Mais après ? Une fois ses 15% réalisés dans deux semaines, à quoi le Front de gauche peut-il s'attendre ? Peut-il décemment essuyer le même destin que le FN 2002 et le Modem 2007, lui qui s'attend à une "insurrection dans les urnes" et une "révolution citoyenne" ? Jean-Luc Mélenchon ne pourra pas porter sur ses épaules tous ses candidats aux législatives, dans deux mois. Et il y a de très fortes chances que, sans accord avec le PS, le Front de gauche se retrouve sans aucun député. Sans compter qu'en 2013, il n'aura aucune mairie.

Alors quelle stratégie adopter ? Gouverner, quitte à manger son chapeau et ranger les ambitions de grand soir ? Ou se tenir à l'écart et laisser sur le carreau un électorat mobilisé, galvanisé ? Tant pis pour les rêves de changement et rendez-vous dans cinq ans avec un leader vieillissant, utilisant les mêmes recettes ? La quadrature du cercle... D'autant qu'Olivier Besancenot est jeune, lui, et ne restera peut-être pas éternellement sur la touche. Nul doute qu'il lorgne sur ces 15% d'utopistes qui veulent pendre le dernier patron avec les tripes du dernier bourgeois. Mais tant qu'il n'y a aucun poste d'importance à l'arrivée, tant qu'ils ne disposent pas du pouvoir de faire bouger un tant soit peu les choses, les partisans de l'extrême-gauche sont condamnés à continuer de rêver...

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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