Ils l'ont pas volé (semaine du 02/04 au 08/04)

Sourcils "Raymond Domenech" du type qui se jette volontairement entre les mâchoires de la vindicte populaire : Günther Grass

Pendant plusieurs années, ce bon Raymond a occupé le poste historiquement difficile de sélectionneur de l'équipe de France de baballe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas une seule seconde cherché à être aimé. C'est pourquoi, même après avoir emmené son équipe en finale de la Coupe du Monde 2006, il reste dans l'imaginaire collectif comme une calamité ambulante.
Günther Grass a, lui aussi, commis un suicide médiatique la semaine dernière. Le Prix Nobel de littérature s'est fendu d'un poème, distribué dans plusieurs grands quotidiens (El Pais, London Times, Allgemeine Zeitung...), critiquant la politique offensive de l'Etat d'Israël, notamment en direction de l'Iran. Anticipant les critiques dans son écrit ("qui menace aussitôt de frapper, quiconque refuse de s’y plier, de l’habituel verdict d’antisémitisme"), l'Allemand a néanmoins reçu son flot de critique, la plupart des médias se contentant de se ranger du côté des attaqués. Et ainsi, Grass a été accusé de "dérapage" et la seul idée de son poème qui aura été relayé restera qu'Israël "menace la paix mondiale".
En réalité, le texte de Günther Grass est bien plus pertinent qu'un simple brûlot antisémite et aurait mérité que l'on y accorde un peu plus d'interêt. Or, pour seule réaction, Israël lui a interdit l'accès à son territoire. On imagine que cela l'indiffére au plus haut point. Voici néanmoins deux extraits de la prose du Prix Nobel : "ce prétendu droit d’attaque préventive / Qui pourrait anéantir le peuple iranien (...) Parce qu’on soupçonne dans sa juridiction / La fabrication d’une bombe atomique / Mais, pourquoi m’abstiendrais-je de citer / Cet autre pays où / Depuis des années – bien que tenu secret – / On possède l’arme nucléaire développée, / En dehors de tout contrôle, puisque / inaccessible à toute inspection?" Puis : "Pourquoi ne le dis-je que maintenant, / Vieillissant et avec mon encre ultime; / Israël puissance atomique menace / La paix déjà fragile dans le monde? / Parce qu’il faut dire / ce qui doit être dit maintenant, car demain il sera trop tard".

Prouesse "George Pérec" de la disparition : Michel Mercier

Si on vous dit "Michel Mercier", vous pensez à une actrice ? C'est normal. Mais elle dispose d'un homonyme qui se trouve être ministre de la Justice. Si si, ça existe. Dans les textes, en tous cas. Son bureau serait entre deux bijouteries de la Place Vendôme. Cependant, "Petites phrases et grandes idées" n'a pas eu le temps de mener une enquête et a quelques doutes. Parce que le début de semaine dernière a vu nombre d'interpellations de présumés islamistes, d'expulsions d'imams et autres grosses ficelles électorales. Les procureurs ont rappelé, aussi fortement qu'il se peut en de telles circonstances, que les personnes arrêtées n'étaient que suspectes. Claude Guéant, on l'a vu. Nicolas Sarkozy, on l'a entendu. Marine Le Pen, hélas, aussi. Mais ce soit-disant ministre de la Justice, il a littéralement disparu. Aussi introuvable que la lettre "E" dans "la disparition" de George Pérec. Et ce, soit dit en passant, depuis sa nomination à son poste. La longue tradition des emplois fictifs en politique a de beaux jours devant elle...

Saillie "Silvio Berlusconi" de l'indelicatesse totale : le point constitutionnel consécutif à la chute d'Eva Joly

Cela n'aura échappé à personne, la candidate écologiste à l'élection présidentielle a fait une chute dans des escaliers en sortant d'un cinéma. OK, l'info est passée, elle ne vaut rien vu que le tout n'a aucune conséquence sur la campagne de l'intéressé. Sauf que cela a réveillé la curiosité journalistique de nombreuses sommités de la profession. Que se passe-t-il si un candidat, ayant validé ses parrainages auprès du Conseil constitutionnel, mourrait ? Sans rire, le Canard enchaîné, 20 minutes, slate.fr, France Télévision, entre autres, ont cru bon de mettre les choses au point, alors même qu'Eva Joly n'était pas encore sortie de l'hôpital ! Ah bravo pour la délicatesse ! Pour la petite histoire, et à titre informatif, depuis une réforme de 1976, le décès d'un candidat entraîne un report de l'élection d'un maximum de 35 jours décidé par le Conseil constitutionnel. Et si un des deux qualifiés pour le second tour passe l'arme à gauche avant le 6 mai, idem, on reporte. Voilà. Il fallait que ce soit dit. Mais le timing est un rien cynique.

Tête de veau vinaigrette "Jacques Chirac" du type qui fait des promesses hallucinantes : Otto Perez Molina

Alors là, si vous ne connaissez pas Otto Perez Molina, vous allez être servis. Ce brave monsieur est Président du Guatemala et fait face à une vague de violence assez massive en Amérique centrale. Interviewé par le Guardian, Otto a donc balancé la proposition qui défonce tout, attention, on s'accroche : légalisation de toutes les drogues. Ouais ouais, TOUTES les drogues. "Il est aujourd'hui impossible de mettre fin au marché de la drogue, mais qu'il est certainement possible de le réguler, comme nous avons pu le faire pour l'alcool ou le tabac", plaide le grand homme. Et attention, l'argument massue arrive : "le fait que les drogues sont mauvaises pour la santé n'est pas une raison suffisante pour les interdire dans la mesure où tout le monde sait que l'alcoolisme ou le tabagisme font plusieurs milliers de morts chaque année dans le monde". Ah bon. Et puis interdire l'alcool ou le tabac, ça va pas ?
En attendant, si quelqu'un veut se taper un trip à l'héroïne ou au LSD, direction Guatemala : c'est bientôt légal !