Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Petites phrases et grandes idées
6 avril 2012

Des 32 manières de rendre la France forte

954561-1127780Enfin, ça y est, c'est fait. Après des mois à dauber sur le programme de François Hollande "irréaliste", "changeant toutes les semaines" et "trop cher", le candidat Nicolas Sarkozy a rendu public son propre projet pour les cinq prochaines années. Oui oui, à moins de trois semaines du premier tour. Et encore, le Canard enchaîné de cette semaine nous informe qu'il devait être présenté en début de semaine, mais que les neurones ambulants de l'UMP n'étaient pas prêts. Heureusement qu'ils ont activé, sinon Nicolas Sarkozy se serait présenté sans le moindre programme. Ce qui ne semble pas gêner près de 30% des électeurs, soit dit en passant...

Alors que trouve-t-on dans ce précieux document ? Bien sûr, une part non négligeable de généralités, de grands principes balancés en l'air et qui ne serviront jamais. Ainsi, "l'allègement des charges salariales" et "les accords emploi compétitivité" font furieusement penser à la politique des heures supplémentaires censées doper le pouvoir d’achat. Quant à "l'exonération de charges patronales pour l'embauche de salariés de plus de 55 ans", c’est tout simplement un emprunt au programme de François Bayrou de 2007.

La première partie des propositions égrenées par le chef de l’Etat est essentiellement axée sur l’économie. Ce qui correspond à son positionnement depuis le début de la campagne. Ainsi, on retrouve une "réservation d’une partie des commandes publiques aux PME européennes comme le font les Etats-Unis pour leurs propres PME" qui rappelle le patriotisme économique de Villepin, le fameux "impôt sur les exilés fiscaux" qui avait déjà été évoqué et un "impôt minimal sur les grands groupes", histoire de casser l’image de Président des riches qui lui colle à la semelle. Libre à chacun, ensuite, de croire en la réalisation de ces promesses… D’autant qu’on trouve de véritables perles comme la volonté de payer les retraites le 1er du mois et non plus le 8, ou encore la création d’une banque de la jeunesse. Défense de rire !

 

Indigence et démagogie

 

Mais le plus intéressant reste le volet social du programme sarkozyste. Et notamment sur l’école. Là où la plupart des syndicats de professeurs réclament des moyens, des embauches, des classes moins chargée, la réponse tombe comme un couperet : "hausse de la présence des professeurs au collège". Oui oui, vous avez bien lu : hausse de la "présence". Terminées les grasses matinées, ces feignasses de profs vont se mettre au boulot. Ah, et il sera désormais obligatoire de savoir "lire et écrire" en entrant au collège. Comment ça, c’est déjà obligatoire ? Et bien ça le sera encore plus !

L’immigration n’est évidemment pas en reste. Elle sera réduite de moitié en cas de réélection et le regroupement familial sera conditionné à la connaissance de la langue française. Là aussi, ça existe déjà. Mais ne pinaillons pas. Le Président exige également que l’Europe rétablisse le contrôle à ses frontières d’ici un an. Voilà. Par quel pouvoir de contrainte ? C’est un mystère.

Dans les lycées et universités, l’accueil des étudiants handicapés serait amélioré. Il y aurait aussi 200 000 places de garderie supplémentaires créées. On assisterait à la création de 750 maisons de santé pluridisciplinaires et une mystérieuse "réforme de la dépendance" serait lancée. C’est relativement maigre tout ça. D’un point de vue sociétal, le programme de Nicolas Sarkozy est d’une indigence rare. Sa fameuse "vision de la France" ne transparaît pas vraiment, ou alors elle se limite à quelques points-clés. Ce qui ne saurait être satisfaisant.

Deux propositions concernant la justice viennent confirmer cette déception. D’abord, le très démagogique droit d’appel conféré aux victimes lors de procès aux assises, en correctionnelle et lors des remises en liberté. Et ensuite une "réforme de la justice des mineurs" qui rappelle, là encore, de vieilles promesses de dépoussiérage de l’ordonnance de 1945. Au passage, Nicolas Sarkozy a promis 4 millions de fois de réformer ladite ordonnance, qui fixe la responsabilité pénale à 13 ans. Argument massue : les jeunes des années 40 ne sont plus ceux d'aujourd'hui. Or, et on n'insistera jamais assez sur ce point, l'ordonnance de 1945 a été réformée 22 fois en tout ! Dont au mois 3 fois depuis 2002, date d'entrée de Nicolas Sarkozy au gouvernement. Donc merci pour le réchauffé...

Enfin, mis à part la confirmation du choix du nucléaire, il n’y a rien d’autre à retenir de ces 32 propositions. Clairement d’inspiration droite dure, elles entendent jouer la carte de la protection économique, de la fermeture des frontières et du pas-grand-chose sociétal. Pas de choix fort, quelques concessions à la ligne directrice du parti, le programme du Président-candidat déçoit même ses opposants. Car à moins de les taxer d’indigence, que peut-on vraiment reprocher à des propositions si fades ?

Publicité
Publicité
Commentaires
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité