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Petites phrases et grandes idées
27 mars 2012

De certaines prises de position surprenantes

1203524269WXxRfjDans la tête de n'importe quel électeur, certains faits sont tenus pour acquis. Ou plutôt, certaines postures inhérentes à l'appartenance d'une personnalité politique à un parti. Un membre du FN est un facho, un autre du NPA est anticapitaliste, etc. Ce sont des évidences qu'aucun membre de la classe politique n'a jugé bon de remettre en question (Eric Besson et autres Bernard Kouchner mis à part). Mais lorsque l'on creuse un peu plus pour atteindre les convictions un peu moins évidentes, il arrive que l'on constate quelques prises de position étonnantes. Des petites scories dans l'idéologie globale qui, sans être incompatibles, sont tout de même étonnantes.

Prenons un exemple concret. Un membre du Parti socialiste, élu national (sénateur ou député), est supposé prêcher la bonne parole partisane. Etre contre tout ce que dit l'UMP, bien sûr, mais aussi massacrer les banques dès que possible, affirmer le rôle essentiel de l'école, assurer son attachement au modèle social français, etc. Autant de piliers de l'idéologie socialiste qu'il serait fort malvenu de contrarier. Le pas-toujours-regretté Georges Frêche a appris avec le temps que toute la puissance locale ne suffit pas forcément à éviter une exclusion du parti. Entendre un baron tel que lui traiter des harkis de "sous hommes" ou déplorer qu'il n'y ait "que des Noirs en équipe de France" de football a choqué, bien sûr, mais a aussi surpris.

Autre exemple maintes fois abordé ici, celui de Claude Guéant qui transgresse allégrement et régulièrement la très fine ligne qui sépare un parti de droite républicaine d'un parti de droite xénophobe. Et qui se matérialise souvent par l'ajout du terme "extrême". Guéant, de par sa proximité avec le Président et son rôle prépondérant dans la gestion des affaires du pays, a joué les boules de bowling avec les limites de l'idéologie de l'UMP. Idéologie qui, convenons-en, n'est pas la moins lâche...

 

Extrême-gauche homophobe ? Droite républicaine mais communautariste ?

 

Mais revenons à la campagne, pour mieux y pointer les diverses surprises que l'on peut trouver au sein des discours et programmes des candidats. Et quel meilleur exemple que le silence répété et historique de Lutte ouvrière sur le mariage homosexuel. La différence entre la droite et la gauche se situe au niveau du positionnement socio-économique, et donc en partie autour des valeurs progressistes. Comment comprendre un silence pareil, qui s'apparente nécessairement à un abstentionnisme. Et venant du parti réputé le plus à gauche de l'échiquier politique, cela est totalement stupéfiant.

Parlons également de ces adjectifs conférés à Jean-Luc Mélenchon lors de son discours de la Bastille. Combien de médias et autres observateurs ont employé le qualificatif de "gaullien" ou "gaulliste" ? On parle d'un candidat d'extrême-gauche ! Pourquoi ne pas le comparer à Marchais, Jaurès, Mitterrand ? Non, dès que quelqu'un est un peu grandiloquent, c'est immédiat De Gaulle qui arrive. Et l'intéressé ne dément pas, trop content d'être comparé à une figure aussi rassembleuse, lui qui prône pourtant une politique radicale...

Et comment ne pas mentionner le grand rassembleur Nicolas Sarkozy, chantre de l'anticommunautarisme, souverain de TOUS les Français, mais surtout du petit peuple, des ouvriers et de l'orphelin. Voilà que ce Président, devenu candidat, lacrymogènise les ouvriers mécontents, met la France en deuil pour la mort de quatre juifs dans une école confessionnelle enterrés en Israël avec présence du ministre des Affaires étrangères et plaide que les militaires assassinés étaient des "musulmans d'apparence". Tiens donc. L'ami Sarkozy donne désormais raison à tous ceux, Chirac le premier, qui le taxaient de communautarisme et le jugeaient incapable de rassembler les Français. De fait, malgré les promesses qu'il a faites et en dépit du refrain classique de la droite sur la République et ses valeurs sacrées, Sarkozy a divisé et divisé encore durant son quinquennat.

Ainsi, on voit qu'en terme d'idéologie, rien n'est gravé dans le marbre. Un candidat peut représenter un parti tout en gardant une marge d'expression et même afficher quelques menues contradictions. Marine Le Pen navigue souvent entre extrémisme absolu et quête de respectabilité. François Bayrou cumule un programme économique résolument keynesien et un catholicisme affiché jusque dans certaines prises de position. Nicolas Dupont-Aignan râtisse large, lui aussi, pour ne pas perdre le fil et disparaître au fond des sondages. Cependant cette souplesse idéologiste, si elle peut surprendre, est aussi un gage d'adaptabilité. Il est ainsi souvent reproché à François Hollande son classicisme et son manque d'originalité. A l'heure où la campagne se tourne totalement vers le sécuritaire, à lui de démontrer qu'il peut aussi être crédible sur ce sujet. Et faire mentir, là encore, les positions classiques du parti dont il est le champion...

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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