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Petites phrases et grandes idées
1 mars 2012

D'un échange de stratégies

"Une idée par jour, je vais l'étouffer, il saura pas où donner de la tête. Je vais tellement être partout à la fois qu'il sera bien obligé de calquer sa campagne sur la mienne". Voilà en substance ce que promettait Nicolas Sarkozy à François Hollande, une fois sa candidature officielle.

On aura beau dire ce que l'on veut sur le Président actuel, mais son don pour la prophétie s'avère bien solide. Car effectivement, depuis deux semaines ou plus, François Hollande l'étouffe littéralement. Ses dix heures au salon de l'Agriculture, ses 75% d'imposition sur les très très hauts revenus, ses aller-retours incessants entre le centre et l'extrême-gauche, ses bisous aux ouvriers, son départ pour Londres... Le candidat socialiste ne se ménage pas et applique à la lettre la stratégie de Nicolas Sarkozy en 2007 : profiter de son statut de favori pour étouffer l'adversaire, créer l'actualité et ne pas laisser exister médiatiquement les autres. C'est d'autant plus surprenant de la part du socialiste que, bien au chaud en tête des sondages, tout le monde s'attendait à le voir jouer la montre et prendre un minimum de risque. Cette prédiction était due autant à sa situation favorable qu'à la mentalité qui lui est prêtée. En 10 ans à la tête du Parti socialiste, il a multiplié les compromis, les synthèses de motions, les accords de courants. Un médiateur plus qu'un leader, disait-on.

Or c'est exactement le contraire qui se présente à nous. Un candidat dont on peut critiquer l'arrogance, les décisions précipitées, les prises de position en essuie-glace, mais certainement pas l'immobilisme. Précisément tout le contraire de ce que partisans et opposants espéraient. Après plus de 20 ans de vie politique au plus haut niveau, François Hollande a réussi l'exploit de surprendre lors de cette campagne. Et sur la forme, c'est à mettre à son crédit.

 

Surprise et déception

 

Et le prophète, dans tout ça ? Celui qui promettait les feux de l'enfer à son adversaire qu'il a, depuis, avoué en personne avoir sous-estimé ? La bête de campagne censée se transformer en rouleau-compresseur une fois sa candidature annoncée ? On a vu ce qu'on a vu. En fait, on l'a vu en 2007.

Sarkozy a commencé, à Marseille, par se présenter en candidat du peuple. Chacun pourra mesurer l'énormité du propos, venant de l'ancien maire de Neuilly, l'homme du bouclier fiscal et du Fouquet's. Il a poursuivi en se posant en seul rempart contre l'insécurité grandissante et la crise ravageuse. Là encore, les promesses non tenues de Gandrange en 2008 ont été refaites aux salariés de Florange. Autant dire que la confiance règne. Enfin, il a tout simplement promis aux professeurs de travailler plus pour gagner plus. Ces mêmes professeurs dont il a massacré la profession, les établissements, les programmes bref, le moral. Mais l'important, à la rigueur, n'est pas là. Et il y a ces clins d'oeil, incessants, vers l'électorat du FN, à grands coups de Guéant ou de Morano. Mais jamais, jamais, une allusion à son bilan. Une fois n'est pas coutume, on le comprend...

Tout d'abord, force est de constater qu'en 2007, Nicolas Sarkozy a mené une campagne présidentielle admirable à plus d'un point. Même la créature médiatique Ségolène Royal n'a strictement rien pu faire face à ce candidat préparé, inspiré et décidé. Et voilà qu'aujourd'hui, il ressort les mêmes recettes. Mais attention, pas des recettes similaires, ou des tournures de phrases aménagées, non non : les mêmes recettes. Le travailler plus pour gagner plus lancé à une fonction publique enseignante qui le tient en bien piètre estime tient du foutage de gueule intégral. Et le voilà qui se remet à perdre ses nerfs, comme au plus beau temps de la Place Beauvau. Les colères au sein de son comité stratégique en sont une preuve. L'attaque mesquine sur la compagne de François Hollande en est une preuve.

Et puis, il est amusant de constater à quel point Sarkozy a été précisément pris à son propre jeu de l'étouffement médiatique. Aujourd'hui, les journaux écrits ou audiovisuels n'ont d'yeux que pour Hollande. Et le candidat-Président ne supporte pas cela. On attendait le socialiste dans une posture attentiste : il attaque. On attendait un Sarkozy agressif et innovateur : il est pris de court et, finalement, décevant. C'est peut-être cela qui est le plus marquant, dans la situation actuelle. On avait gardé le souvenir d'un candidat qui bousculait les codes au point de faire péter les plombs de ses adversaires. Un chef de l'UMP irrésistible, à tel point qu'on se demandait s'il était possible de le battre. En 2007, Sarkozy avait une stratégie de campagne imparable. Il ne semble pas, aujourd'hui, disposer d'un solution de rechange. Il va cependant devoir vite en inventer une, sous peine de prendre sa plus grande volée électorale depuis les européennes de 1999.

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Commentaires
B
j'aimerai qu'il en soit ainsi ..soit-il..Mais il faut se méfier des phrases "juste pour faire un coup" ..car on y perd sa crédibilité , si le président actuel est un roi de la supercherie dans ce domaine , affirmer une chose puis son contraire c'est sa marque de fabrique avec un tel aplomb qu'il scotche ses vis-à-vis . mais ce phénomène est-il reproductible pour un autre ?? Je souhaite effectivement que le 75%d'imposition de la part supérieure des rémunérations <br /> <br /> "désopilantes" soit réalisable.
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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