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Petites phrases et grandes idées
21 février 2012

De ce que l'on attend d'un Président

IM-3404-Photo-officielle-du-President-PompidouAlors voilà, plus que deux mois et un jour avant le premier tour. Tous les candidats sont officiellement déclarés et la carte des participants à l'élection se dessine doucement. Le seul suspense réside autour de la présence de Corinne Lepage. Rien de bien fondamental, en soi. Même TF1 a mis en place son émission politique bien populo, dont François Bayrou et Eva Joly ont eu la primeur ce lundi soir. Alors les attaques, plus ou moins mesquines, fusent, les positionnements idéologiques s'installent et tout laisse à penser que nous nous dirigeons vers un affrontement bloc contre bloc. Exactement comme l'avait souhaité et professé Nicolas Sarkozy...

Mais, finalement, en dehors des convictions de chacun, une autre question va s'imposer la conscience de chaque électeur : qu'attend-on d'un Président ? De la personnalité ? Oui, de la force de caractère, de la pugnacité, de l'honnêteté, etc. Evidemment. Mais qu'est-ce qui poussera un électeur socialiste à voter Hollande plus volontiers qu'Aubry ? Ou, inversement, qu'est-ce qui empêcherait un écologiste pur jus de s'exprimer en faveur d'Eva Joly ?

Evidemment, ce n'est un secret pour personne, le vainqueur final sera UMP ou PS. Et si Arnaud Montebourg ou Alain Juppé étaient à la place des candidats favoris, l'issue de l'élection serait la même. Le "vote utile" a la vie dure. A moins que ce ne soit une forme de modération dans l'engagement. La conjoncture politique actuelle fait que le vainqueur d'une présidentielle française est nécessairement membre d'un des deux partis majoritaires. Quoi qu'il arrive. Mais voyons au-delà de la fatalité et posons-nous la question : si l'on ne se concentrait que sur la personnalité des candidats, les favoris seraient-ils les mêmes ?

 

La personnalité ne compte pas

 

Prenons les qualités évidentes exigées chez un chef d'Etat. La pugnacité, par exemple. Avoir la capacité de s'accrocher avec vigueur à une idée, un projet, défendre ardemment les valeurs pour lesquelles on s'est engagé, voilà quelque chose que chaque électeur souhaite retrouver chez son futur Président, non ? Pour autant, Nicolas Sarkozy et François Hollande en sont-ils les meilleurs représentants ? Il ne s'agit pas là de faire le procès de leur volonté politique, mais simplement de savoir si plus de 50% des Français considèrent que l'un des deux favoris est bien le plus "pugnace". Nicolas Dupont-Aignan, par exemple, a sans doute dû faire preuve d'un courage extraordinaire pour récolter ses parrainages et mener sa campagne en faisant fi des moqueries. Corinne Lepage est redoutablement pugnace, elle aussi, dernière représentante de tous ceux dont on ne donnait pas cher de la peau. Quant à Eva Joly, inutile d'insister sur la force de caractère dont elle doit faire preuve pour encaisser les critiques internes et externes dont elle fait l'objet depuis sa victoire à la primaire verte. D'une certaine façon, Hollande, Sarkozy, Bayrou ou encore Le Pen mènent leur campagne avec le confort de ceux qui ne sont jamais contestés. Et même les épreuves qu'ils ont endurées au cours de leur carrière ne peuvent pas leur avoir tanné le cuir avec autant d'efficacité que pour les "petits" candidats.

Autre exemple : l'honnêteté. Il va sans dire qu'aucun Français ne souhaite voir un escroc arriver à l'Elysée. De toute évidence, un chef d'Etat se doit d'être au-dessus de tout soupçon. L'affaire DSK montre bien combien un scandale peut abattre jusqu'au plus populaire des Hommes politiques. Et pourtant, Jacques Chirac, dont personne n'ignore les accusations auxquelles il a fait face durant la quasi intégralité de a carrière, a passé 12 ans à l'Elysée. Nicolas Sarkozy, confronté aux scandales de Karachi, à l'affaire Bettencourt et même aux divers conflits d'intérêt type "Borloo chez Veolia", est solidement ancré à la seconde place et garde un espoir, tout mince soit-il, d'être réélu. Face à lui ? Des oies blanches. Pas un soupçon de début d'enquête judiciaire sur le moindre de ses adversaires. D'Arthaud à Le Pen, on pourra trouver toutes les immoralités que l'on veut, mais jamais une entorse à la loi. Le pouvoir appelle les yeux indiscrets et cela expliquerait sans doute pourquoi Sarkozy est le seul dans ce joli panel à traîner quelque boulet. Néanmoins, les électeurs semblent imperméables à ce défaut. Etonnant, non ? Comme dirait l'autre...

Dernier point : la sincérité. Il serait bien amusant d'essayer de démontrer que les quatre candidats en tête des sondages sont plus convaincus du bien-fondé de leur idéologie que leurs adversaires. Eva Joly est une militante écologiste de longue date. Nathalie Arthaud est un pur produit du centre de formation de Lutte ouvrière. Philippe Poutou est un ouvrier syndiqué. Corinne Lepage est une spécialiste du droit de l'environnement. Et Nicolas Dupont-Aignan est prêt à se ridiculiser pour convaincre la Terre entière que Bruxelles est le repaire de Satan. Les autres ? Des énarques, des politiciens professionnels, des héritiers tombés dedans quand ils étaient petits. Rien de bien noble, au sens le plus chevaleresque de la politique. Autant dire que, si l'on devait voter pour quelqu'un sur le seul critère de sa personnalité, le club des quatre favoris serait, sur une immense majorité des points, relégué en queue de peloton.

Quel est l'intérêt de cette démonstration ? Tout simplement de réfuter une expression souvent entendue, et notamment ces derniers jours. "L'élection présidentielle est la rencontre d'un Homme et d'un peuple". Rien n'est plus faux. Malgré toutes les vertus dont ils pourraient se parer, les adversaires de l'UMP et du PS n'auraient pas la moindre chance. Mieux : un balai-brosse investi par le Parti socialiste aurait plus de chance de devenir Président que Nelson Mandela avec l'étiquette Europe-Ecologie-les-Verts. C'est triste mais c'est ainsi. Nicolas Sarkozy a beaucoup oeuvré sur son image personnelle en 2007 pour sortir vainqueur de la présidentielle. Mais sa véritable adversaire n'a jamais été quelqu'un d'autre que Ségolène Royal et le bipartisme que beaucoup dénoncent est une réalité. Pour les petits partis, la seule manière d'exister réside dans la pression qu'ils peuvent exercer sur les gros. Uniquement. Et les grands idéaux de la politique volent en poussière face à ce cruel constat.

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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