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Petites phrases et grandes idées
26 janvier 2012

De l'inéluctable décantation des candidatures

650312Si la météo des candidats affiche plein soleil pour les deux François et méchamment couvert pour le tenant du titre, d'autres n'auraient même pas droit à leur bulletin. Ils n'existent pas vraiment. Il n'est pas question ici des folkloriques déclarations d'intentions du parti de la cléritocratie ou des originaux qui prétendent cueillir 500 signatures sur une idée une seule. Non, les plus tristes aujourd'hui sont sans doute ceux qui sont soutenus par un parti mais qui peinent non seulement à toucher leurs parrainages, mais aussi, et surtout, à exister. On parle là de Christine Boutin, revancharde et désespérée au point de faire le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pour obtenir ses paraphes. On parle aussi de Nicolas Dupont-Aignan, en pleine période médiatique forte et pourtant toujours aussi transparent. On parle encore de Corine Lepage, dont l'idylle avec François Bayrou n'aura pas duré bien longtemps et qui risque de regretter d'y avoir mis fin si vite. On parle, finalement, de Jean-Pierre Chevènement, dont la posture de vieux sage au-dessus de la mêlée aura plus vite fait d'attirer 500 éclats de rire.

Mais celui dont il est le plus question actuellement, c'est ce pauvre diable d'Hervé Morin. Vu de l'extérieur, sa candidature est tout simplement extraordinaire. Propulsé à la tête d'un parti fantoche au lendemain de la création du Modem afin d'attirer au sarkozysme les centristes penchant à droite, il se voit confier les clés du ministère de la Défense. Totalement inespéré pour cet élu de terrain dépourvu de charisme et de soutiens de base. Seulement voilà, après trois ans passés dans le top 5 des ministères les plus importants, le voilà chassé, victime du retour aux fondamentaux d'un Sarkozy fatigué par l'ouverture. Terminées les femmes, les minorités visibles, les gauchistes, les centristes, et au revoir Morin. Le pauvre Hervé, sans doute plus galvanisé par l'illusion d'avoir compté qu'animé d'une véritable rancoeur, va se prendre pour un chef de parti influent et proposer sa candidature à l'élection présidentielle. Vu d'ici, tout ceci est bien triste.

 

Plus de mal que de bien pour le Nouveau Centre

 

D'autant que Morin doit, dès son annonce, faire face à l'incrédulité de ses troupes. Où est la différence entre l'idéologie du Nouveau Centre et celle de l'UMP ? Et surtout, quelles seraient les conséquences d'une candidature Morin pour un groupuscule qui dépend financièrement du parti majoritaire de la droite ? Dès lors, commence pour l'ancien ministre un véritable chemin de croix. Ses proches le lâchent, ses poches sont vides, ses meetings sont grotesques, naviguant entre éclairage raté et petites phrases cultes ("j'ai assisté au Débarquement"...). La véritable question, celle qui brûle toutes les lèvres est donc celle de savoir pourquoi donc Morin s'est-il lancé dans cette bataille ? Son égo l'a convaincu qu'il avait un destin national ? Est-il mandaté par Sarkozy pour aimanter une partie du centre ? Cette dernière hypothèse aurait pu valoir pour Borloo, mais les 0% d'intentions de vote que les sondages confèrent à Morin plaident pour une aventure en solo dont il aurait plutôt intérêt à mettre fin.

La journée de mardi a été extrêmement brutale à son encontre. Ainsi, Jean-Christophe Lagarde, numéro deux du Nouveau Centre, a demandé à son leader de "ne pas s'entêter" et a assuré qu'il voterait Sarkozy dès le premier tour. Et un coup de couteau. Le député du Nord Francis Vercamer, lui aussi membre du Nouveau Centre, a également lâché Morin pour se reporter sur le Président sortant. Et ainsi, petit à petit, nombreux sont les pseudo soutiens du déjà-très-seul boss du NC à quitter la barque.

En langage politique, la situation actuelle de Morin et les messages très peu subtils que lui font passer ses gentils camarades par voix de presse pourraient se traduire ainsi : "arrête donc de faire le con, sinon on va se prendre un candidat UMP dans chacune de nos circonscriptions et bye bye l'Assemblée". Tout déconnecté de la réalité qu'il est, l'ex-ministre n'a sans doute même pas vu le mal qu'il faisait à son parti en voulant le faire exister. Aujourd'hui, pour lui comme pour ses partisans (s'il y en a...), l'équation est simple : s'il va au bout, les députés Nouveau Centre devront batailler avec un candidat UMP et vraisemblablement perdre leurs sièges, en plus de dire au revoir aux millions que le parti majoritaire leur donne pour exister. En revanche, s'il abandonnait son entreprise suicidaire, le Nouveau Centre serait de nouveau le bienvenu dans la majorité et ses leaders pourraient espérer de confortables sièges au Palais Bourbon. Voire, en cas de réélection de Nicolas Sarkozy, un maroquin ou deux...

A priori donc, Hervé Morin n'ira pas au bout de sa candidature. Mais si l'on voit la situation de son point de vue, elle devient tout de suite différente. S'il s'arrête, ses amis redeviennent fréquentables pour l'UMP, mais pas lui. Grillé pour grillé, pourquoi n'irait-il pas au bout ? Après tout, sa carrière au sein de la majorité semble terminée pour les années à venir. Alors autant voir à quoi ressemble une élection présidentielle de près, non ? Vu que personne ne sait quelle mouche l'a piqué lorsqu'il a décidé d'y aller, il est virtuellement impossible de savoir ce qu'il va faire. Cela restera, dans les semaines qui viennent, une toute petite question politico-politicienne qui n'intéressera que très peu de personnes. "Petites phrases et grandes idées" sera de celles-là...

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Commentaires
B
De la solitude de l'homme politique.. rester debout dans son projet pour ne pas se renier lui-même,et voir ses "amis" disparaître attirés par d'autres sirènes du pouvoir.. futilité des ambitions , et au bout du bout un homme politique est ,comme tout à chacun d'ailleurs, seul, quand il prend ses décisions, ou alors se laisse-t-il porter par la décision des autres , et nier toute part deresponsabilité? facilité peu glorieuse...
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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