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Petites phrases et grandes idées
29 novembre 2011

Des divisions internes des partis

bagarreSi on vous parle de parti divisé, de querelles intestines, de brouilles en chefs, vous pensez à quoi ? C'est un des plus grands miracles "communicationnels" de ces dernières années en politique : avoir réussi à faire croire que le PS et les Verts étaient les seuls à se tirer dessus en interne. Or, évidemment, il n'en est rien. En la matière, d'ailleurs, pour schématiser un peu, il existe trois cas assez typiques. Trois cas que l'on retrouvera, ô miracle, en avril prochain, soumis à notre sagacité électorale. Mais que l'on ne s'y trompe pas : dans tous les partis, il y a bagarre. Et pas qu'un peu.

Le cas numéro un est le moins intéressant. Il s'agit de ces partis qui ne tiennent que par une idéologie ou, pire, qu'autour d'une seule et unique personne. Le Modem, par exemple, est une machine construite autour, par et pour François Bayrou. Le parti orange ne dispose que de trois députés, d'aucune ville et de quelques alliances locales. Bref, Modem égale Bayrou, ni plus ni moins. Autant dire que les seules dissensions internes que le parti ait connu remontent au grand exode de 2007, lorsque Sarkozy s'est amusé à dépouiller les troupes pour affaiblir le centriste. Bref, cette construction d'un parti autour d'une personnalité plus ou moins médiatique, plus ou moins rassembleuse, se retrouve avec Christine Boutin (Patri chrétien démocrate), Jean-Pierre Chevènement (Mouvement républicain démocrate) ou encore Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République ! Ouais ! Marche et deviens indépendante !). Inutile donc de chercher des bisbilles chez ces formations-là. Tout comme on n'en trouvera pas chez Lutte ouvrière ou au Parti communiste, où la tête n'est qu'anecdotique en comparaison des idéaux défendus.

Le deuxième cas est celui des représentants de coalitions. Là, pour le coup, c'est exactement l'inverse : il y a forcément de la baston. Jean-Luc Mélenchon a créé une machine dédiée à sa seule ambition. Mais en acceptant l'investiture du Patri communiste, il s'est entouré, certes, d'une base solide, mais aussi de tout un tas de poils à gratter qui, contrairement au staff du Front de gauche, n'est pas décidé à lui obéir au doigt et à l'oeil. On peut faire confiance au caractère de cochon du candidat pour s'imposer sans avoir recours à trop de diplomatie, mais les réunions promettent d'être houleuses.

 

Les Verts, égaux à eux-mêmes

 

Et puis, le dernier cas est le plus fréquent : celui d'un parti représentant plusieurs courants d'idées et, donc, soumis aux engueulades plus ou moins virulentes. Un exemple récent a démontré qu'une formation aux ordres comme le FN peut aussi être le théâtre de bonnes vieilles querelles d'appareils. En l'occurence, même poussée par son père, Marine Le Pen a dû faire face à une fronde interne en faveur de Bruno Gollnisch. Et que l'on ne s'y trompe pas : si les opposants à fifille avaient été si minoritaires, ils auraient été mis à la porte illico. Il ne faut jamais sous-estimer une opposition à la tête d'un parti. Certains l'ont compris en incorporant les idées et les frondeurs au projet de leur parti, mais d'autres s'entêtent à vouloir isoler toute forme de contestation. Où l'on reparle de ce cher Hervé Morin, candidat to-ta-le-ment isolé, au sein d'un parti pourtant microscopique. A peine sa volonté d'aller se frotter au suffrage universel annoncée, l'ensemble des dirigeants du Nouveau Centre se sont empressés de faire la tournée des médias pour désamorcer la bombe sur le thème "ne l'écoutez pas, monsieur le Président, moi je veux toujours être ministre". Quant à EE-LV, son image commençait à se lisser avec la mise en retrait de glorieux anciens comme Noël Mamère, Yves Cochet ou Dominique Voynet. Cependant, son fonctionnement interne est toujours extrêmement complexe, mais les efforts de l'équipe de Cécile Duflot avaient réussi à faire oublier les "bordéliques Verts", toujours propres à se mettre sur la tronche, comme ne manquaient pas de le rappeler les Guignols de l'Info. Or, depuis la désignation d'Eva Joly, les ex-partisans de Nicolas Hulot se font un malin plaisir de pourrir la campagne de l'ex-magistrate, plus encore qu'elle ne le fait elle-même. Ainsi, si le si fameux accord sur le nucléaire fait les choux gras de la droite, nombreux sont les membres d'EE-LV qui s'en plaignent ouvertement. En temps de campagne, cela est loin d'être nécessaire.

Restent deux cas extrêmement particuliers : ceux de l'UMP et du PS. Les partis sont tellement cosmopolites qu'ils sont en quelque sorte des coalitions. De Laurent Wauquiez à Eric Ciotti, quelle continuité ? D'Henri Emmanuelli à Manuel Valls, quelle cohérence ? Il y a plus de divergences au sein de ces partis qu'entre deux formations différentes. Garder une forme de consensus ne peut donc se faire que de trois façons différentes : en ayant le pouvoir (suivez le panache blanc de Nicolas, vous aurez votre siège au Palais-Bourbon), en suivant un même projet (on peut toujours rêver) ou en trouvant un leader capable de mettre ce beau monde en coupe réglée. François Mitterrand était de cette trempe. Le Général de Gaulle aussi. Mais, depuis, ce sont les intérêts électoraux qui ont pris le pas. Les leaders naturels du PS et de l'UMP tentent leur chance lorsqu'ils le peuvent (primaires, périodes creuses de l'agenda...), mais savent désormais se ranger derrière un chef. Celui le plus à même de donner le pouvoir au parti. Pas par conviction, mais par intérêt électoraliste.

Comment l'UMP peut-elle continuer de donner l'image d'un parti plus uni que le PS alors même que ce dernier a accepté sans ciller la victoire de François Hollande et que la majorité se déchire pour une circonscription parisienne ? L'idée même que le parti de droite soit celui qui impose le plus l'idée de convergence de vue est insupportable. Pourtant, c'est le cas et sa communication est tout à fait remarquable sur ce point. Ainsi, Bertrand, Fillon, Dati, Copé, NKM, Wauquiez peuvent bien se haïr cordialement en interne, ils savent aussi faire bloc lorsqu'il s'agit de fracasser la gauche sur la matinale de RTL ou de BFM-TV. Pour le meilleur et pour le pire, tous ceux-là sont unis sous la même bannière et, comme disaient un groupe de philosophes bien connu, "ils meurent ensemble et vivent ensemble". C'est peut-être ça le pire : ils sont obligés de paraître unis pour survivre politiquement. Et s'il n'y avait le Canard enchaîné et autres médias bien renseignés, l'UMP, comme ses concurrents, passerait pour un havre de paix ou, horreur, un club de réflexion voué à mieux gérer la vie de la cité. Il ne manquerait plus que ça...

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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