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Petites phrases et grandes idées
18 novembre 2011

De la société civile aux ors de la République

malrauxIl y a trois types de politiciens (ouille ! Ce genre de sentence, assénée en attaque de papier, confère immédiatement une arrogance au propos que l'auteur de ces lignes ne saurait assumer, même s'il sait faire preuve de la chose comme en parlant de lui-même à la troisième personne, là, tout de suite).
Reprenons. Il y a autant de manière de classer les Hommes politiques que d'Hommes politiques eux-mêmes. Il y a les besogneux, les fanfarons, les ternes, les joyeux, les charismatiques, les ennuyeux, les menteurs, les moins menteurs, les petits, les moches, les gauchos, les libéraux, les fachos, les anars, les condamnés, les pas-encore-condamnés, les en-passe d'être-condamnés, les aboyeurs, les pantouflards... Libre à chacun de catégoriser nos braves élites comme il le souhaite. Mais aujourd'hui, on va dire qu'il y a trois types de politiciens (ça passe mieux, là, non ?).

Appelons la première les "professionnels". On parle là de ceux qui ont eu la vocation très tôt : les énarques, les polytechniciens, les diplômés de Sciences-Po Paris qui ont voué leur vie, officiellement, au service de l'Etat. De la Cour des Compte aux ministères, du Parlement aux instances de partis, ils sont entrés très tôt en politique et ne l'ont jamais quittée. Ce sont les Jacques Chirac, les Giscard, les Alain Juppé, les Lionel Jospin, les François Hollande, les Ségolène Royal... Bref, ce sont les plus funky.

La deuxième catégorie est celle des "convertis". Ce sont des personnalités qui ont entamé une carrière dans une branche professionnelle avant de rallier, très vite, le monde politique. Avides de pouvoir ou désireux d'apporter leurs compétences au service de l'Etat, ils ont suivi l'appel d'un parti avec plus ou moins de succès. On trouve ici Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Roselyne Bachelot ou encore Rachida Dati. Cette catégorie-ci est particulière et mérite que l'on s'y attarde.

 

Expériences calamiteuses

 

Les politiques "professionnels" ne présentent pas un grand intérêt analytique. Ils souhaitent faire carrière dans ce monde si particulier, grand bien leur fasse. En revanche, les "convertis" sont fascinant. D'abord, ils émanent presque tous des mêmes domaines : la médecine (Bernard Debré, par exemple) et la justice (Arnaud Montebourg, Elizabeth Guigou, Rachida Dati...). En effet, nombreux sont les "convertis" qui ont simplement répondu à un appel pour occuper un poste en lien avec leur domaine. Et, une fois leur mission achevée, ils ont décidé de rester dans la place. On peut aussi, en fouillant un peu, trouver des sportifs (Jean-François Lamour), des chercheurs (Claude Allègre), des journalistes-chanteurs (Noël Mamère) ou encore des grands patrons (Francis Mer, Thierry Breton). En théorie, leur provenance de la société civile leur confère un niveau d'expertise incontestable, mais une naïveté politique dangereuse. Seulement il y a pire : il y a les "amateurs".

Les amateurs, c'est cette troisième catégorie, celle des personnalités elles aussi issues de la société civile qui se retrouvent, du jour au lendemain et sans aucune formation politique, ministres ou secrétaires nationaux de partis. Deux domaines sont experts en la matière : le sport et la culture. On ne compte plus le nombre de cautions médiatiques bombardées ministres dans ces cadres. André Malraux a fait figure de précurseur, et sans doute tirerait-il une tronche de trois pieds de long en voyant Frédéric Mitterrand inaugurer les médiathèques. Mitterrand, justement : voilà un "amateur" de première envergure. Incompétent notoire, politiquement inefficace, il réussit en plus l'exploit d'être un boulet en étant accusé de pédophilie et de tourisme sexuel. Et dire qu'il était supposé être une belle prise médiatique pour la droite... Avant lui, Françoise Giroud, Renaud Donnedieu de Vabres ou encore Catherine Tasca avaient tenté l'aventure politique, avec des fortunes diverses. Côté sport, c'est peut-être pire. David Douillet, actuellement, étale toute sa classe et son élégance. Avant lui, Guy Drut et surtout, surtout, l'extraordinaire Bernard Laporte avaient démontré avec talent combien il était hasardeux de donner des portefeuilles ministériels à des personnalités dépourvues d'expérience politiques.

Conclusion ? Les experts issus de la société civile sont une nécessité tant les "professionnels" politiques sont déconnectés de la réalité. En revanche, est-il bien raisonnable de les installer à la tête de ministères ? Un poste plus obscur, où ils ne seraient pas obligés de s'exprimer constamment ou de répondre aux questions des parlementaires, serait sans doute plus adapté. Mais ce serait se priver de leur sex-appeal médiatique. Un choix qui peut paraître cornélien, mais qui risque d'être vite fait tant les expériences Douillet, Mitterrand et Laporte ont été calamiteuses...

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Commentaires
B
c'est bien le problème de cette classe politique dans laquelle l'ambition personnelle et l'envie de faire quelque chose pour leur pays( un peu naïve encore) se mélange à des proportions diverses. La professionnalisation du politique est quelque part une calamité . Mais d'un autre côté , les problèmes étant si complexes ..on suppose qu'il faut des compétences particulières que l'on acquiert pas dans un souffle! Les experts de la société civile , c'est vrai, ont <br /> bien du mal à rester crédibles dans ce cirque violent.Mais osons ! la formation continue pour les "impétrants" en politique , enfin un nombre limité de mandats continus, des techniciens et des "gens" garants d'idées politiques..rêvonv!
Petites phrases et grandes idées
  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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