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Petites phrases et grandes idées
20 octobre 2011

De cette fondamentale troisième voie

Eva_Joly080609275La chose dure depuis un certain temps. Disons depuis 1981, environ. Chaque élection présidentielle est le théâtre d’un affrontement traditionnel droite-gauche, le plus souvent remporté par cette première. De reports de voix en candidatures mobilisatrices, de débats enflammés en boules puantes de dernières minutes, la gauche et la droite se sont partagés le pouvoir avec tellement d’avidité que les électeurs ont vite cherché, de manière tout à fait logique, une troisième voie. Celle qui pourrait mettre en échec ces deux blocs qui les ont déçus, tour à tour.

Ainsi, au fur et à mesure des élections, le Front national a vu son contingent d’électeurs grandir jusqu’au paroxysme de 2002. Le centre s’est tout d’abord délité après la défaite de Valéry Giscard d’Estaing, avant de devenir un objet de convoitise, voire un arbitre. L’extrême gauche, quant à elle, a beaucoup servi les desseins mitterrandiens avant de disparaître au fil des morcellements.

Les communistes dans les années 80, les centristes ralliés à Edouard Balladur en 1995, le Front national et sa percée historique en 2002, François Bayrou en 2007 : tous ont alimentés les espoirs populaires jusqu’à réussir des scores particulièrement spectaculaires. Tous ont su surfer sur les déceptions suscitées par la droite et la gauche. Et, à défaut d’avoir atteint le pouvoir, ils se sont transformés en faiseurs de rois. Edouard Balladur a donné l’Elysée à Jacques Chirac en appelant à le soutenir. Jean-Marie Le Pen l’a confirmé dans son fauteuil en battant son adversaire le plus dangereux. Enfin, François Bayrou n’a pas voulu ou n’a pas pu aller au bout de son alliance avec Ségolène Royal pour que celle-ci dépasse Nicolas Sarkozy.

 

Quel arbitre ?

 

Extrême gauche, extrême droite, centre, candidature dissidente : tout a été essayé pour battre les deux formations principales que sont le PS et l’UMP, ex-RPR. En vain. Mais au moins le candidat qui a le privilège d’arriver en troisième position peut-il faire valoir ses idées avec plus d’effet que du sommet de 3% des voix. Il n’y a qu’à voir avec quel zèle Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, a appliqué le plus clair du programme du Front national dans ce domaine. Seule la peine de mort manquait à l’appel. En somme, arriver en troisième position, c’est la garantie d’être écouté avec la plus grande attention, voire d’obtenir un poste prestigieux. Arnaud Montebourg l’a encore démontré récemment, en devenant le vainqueur médiatique de la primaire socialiste et en tentant de capitaliser sur ce résultat inespéré. Malheureusement pour lui, ni Martine Aubry, ni François Hollande ne se sont jetés dans ses bras comme il l’aurait souhaité. Mais que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit là de l’exception qui confirme la règle. Dans une élection à deux tours, le troisième larron gagne bien plus qu’une place d’honneur…

Alors, pour 2012, quelle troisième voie ? Longtemps, les centristes ont cru tenir le bon bout avec le spectre Borloo. L’extrême gauche croit dur comme fer à une percée franche de Jean-Luc Mélenchon, sur la foi de son poids médiatique. Europe Ecologie Les Verts (ouf !) ne se sont sans doute pas doté d’une candidate suffisamment porteuse ou charismatique, mais ne sait-on jamais. Et François Bayrou demeure une énigme, tant il est difficile de savoir s’il rééditera sa performance de 2002 ou celle de 2007. Alors, les dés étant loin d’être jetés, les sondages montrent que les électeurs privilégient, derrière les deux forces principales, le Front national, encore. Le renouveau apporté par Marine Le Pen suffira-t-il à porter l’extrême droite à la troisième place, voire à la deuxième ? Et si cette dernière hypothèse se vérifiait, cela se ferait-il au détriment du PS ou de l’UMP ? Mais n’allons pas trop vite en besogne. La dégringolade de Jean-Pierre Chevènement dans les intentions de vote en 2002 n’a eu d’égale que la montée en flèche de François Bayrou en 2007. Il n’est donc pas interdit de supposer qu’une surprise peut sortir des urnes au printemps prochain. Qu’elle se nomme Le Pen, Mélenchon, Bayrou ou Joly…

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  • Une petite lanterne, sans prétention, pour éclairer la politique et ceux qui la font. A mi-chemin entre le prestige de la fonction et le ridicule de certains débats, il y a tout un monde à passer au crible...
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