Des conséquences d'une candidature Hollande
Difficile d'avoir échappé à la nouvelle, le Parti socialiste s'est doté ce dimanche d'un candidat. Différentes critiques peuvent être assénées à son encontre, mais toujours est-il que c'est lui qui défendra la rose au printemps prochain. D'un choix Hollande plutôt qu'Aubry, plusieurs conséquences peuvent être tirées. Mais c'est l'impact que cela aura sur les diverses autres forces politiques qui est le plus intéressant.
A l'extrême gauche, le sentiment peut être différent selon que l'on adopte le point de vue idéologique ou électoral. Martine Aubry représentant l'aile la plus à gauche du PS, les Mélenchon, Poutou et autres Arthaud pouvaient craindre une poussée de leurs électeurs potentiels vers un "vote utile" en faveur de la maire de Lille. Avec François Hollande, la question ne se pose pas tant il a adopté un positionnement plus centriste durant la campagne des primaires. C'est pourquoi les partisans de l'extrême gauchistepeuvent se réjouir à la perspective de voir leurs champions réaliser des scores importants, mais peut-être regretter que le futur président, même s'il est issu du Parti socialiste, ne représentera que marginalement leurs idéaux.
Les écologistes doivent probablement faire la moue. Martine Aubry était infiniment plus proche d'eux que son vainqueur. Cependant, nul doute que le vote vert sera bien au rendez-vous au second tour, comme toujours.
Au centre, c'est reparti pour une tournée de champagne. Après la défection de Jean-Louis Borloo, François Bayrou peut d'ores et déjà se préparer à un 5 à 7 fougueux avec le candidat socialiste. Le profil d'Hollande est assez proche de celui de Ségolène Royal et il devrait donc faire du patron du Modem son allié principal d'entre deux tours. La question sera donc de savoir si le score centriste sera suffisamment haut pour que les enchères montent jusqu'à Matignon. Trop tôt pour le dire, mais la porte des discussions est bien plus ouverte avec Hollande qu'avec Aubry...
Bloc contre bloc ?
A droite, c'est la soupe à la grimace. Participation massive, effet médiatique ravageur : la primaire a cartonné, au grand dam de l'UMP. Et, depuis la défection de Dominique Strauss-Kahn, Nicolas Sarkozy n'a pas caché que le candidat qu'il craignait le plus était François Hollande. Le voilà donc servi pour une campagne sanglante, probablement très anglée sur l'idéologie, "bloc contre bloc", comme le dit le président sortant ("Tout candidat issu de la gauche est un candidat dangereux pour la France", disait François Fillon au 20 heures, ce lundi, entre deux attaques personnelles). La véritable inconnue sera de savoir comment les troupes sarkozystes vont se comporter en position d'outsider. Sauront-elles garder une certaine tenue ou est-ce que les Morano, Jacob et autres Lefèvre vont avoir les coudées franches ?
Enfin, l'extrême droite se contrefout probablement de l'identité du candidat socialiste. Mais la nature très consensuelle, pour ne pas dire compromettante, de François Hollande peut servir des discours attaquant les arrangements, le tous-pourris voire la théorie fumeuse de l'entente cordiale "UMPS". A priori, les thèmes de campagne et les boules puantes resteront de toutes façons les mêmes, quels que soient les adversaires.
En faisant le choix de François Hollande, les partisans de gauche se sont donc pliés à une certaine realpolitik. Celle qui veut que le plus à-même de gagner soit désigné, peut-être au détriment de celui que l'on souhaite le plus voir gagner. La nuance peut paraître faible, mais elle démontre qu'une fois de plus, les électeurs de gauche se rendront aux urnes pour éviter le cauchemar plutôt que pour s'offrir du rêve. Et il y a une certaine tristesse là-dedans...